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Des lycéens ont-ils été privés d’épreuves du bac pour avoir manifesté ?

Bordeaux, le 20 janvier 2020. Devant le lycée Gustave Eiffel, des lycéens, enseignants et cheminots se sont rassemblés pour bloquer l'établissement et protester contre la réforme du bac. (Photo Thibaud Moritz pour Libération)
publié le 31 janvier 2020 à 20h21

Depuis deux jours circulent sur les réseaux sociaux des copies de lettres reçues par des parents d’élèves d’un lycée de La Rochelle les prévenant que leur enfant ne sera pas autorisé à se présenter à l’épreuve de rattrapage en histoire-géographie, en raison de sa participation au blocus de l’établissement le 20 janvier. Au matin de ce jour, des barricades ont été installées devant le lycée Valin en signe de protestation contre la tenue des nouvelles épreuves communes de contrôle continu, les E3C. En dépit des perturbations, le proviseur maintient l’épreuve et prévient que les lycéens absents se verront attribuer la note de zéro.

Au total, sur les 450 élèves convoqués ce jour-là, 27 % sont absents à l'examen, soit environ 120 élèves. D'où la tenue d'une épreuve de rattrapage, qui avait lieu jeudi. Et à laquelle 17 élèves se sont vu refuser par courrier le droit de se présenter. Pour justifier cette décision, le proviseur s'appuie sur l'article 12 de l'arrêté du 16 juillet 2018 relatif aux modalités d'organisation du contrôle continu, qui précise : «En cas d'absence pour cause de force majeure dûment constatée à une épreuve commune de contrôle continu, le candidat est convoqué à une épreuve de remplacement dans les conditions fixées à l'article 4.»

Dans 17 cas, le proviseur a estimé que l'absence lors de la première épreuve n'était pas motivée par une raison de «force majeure». Parmi les arguments invoqués pour justifier cette décision, expliqués dans les différents courriers envoyés : le fait d'avoir participé aux manifestations ou au blocage du lycée. Et aussi, pour certains, de façon plus surprenante, le fait de s'être abonné au compte Instagram @BlocusValin, qui appelait au blocage du lycée il y a deux semaines. Contacté par CheckNews, un parent d'élève explique : «Ils ont décidé de faire un tri entre les élèves qui ont participé et ceux qui ont subi. Parmi les élèves qu'ils ont reconnus comme bloqueurs, le fait qu'ils soient membres du groupe Instagram a été perçu comme une circonstance aggravante.»

Plusieurs élèves interrogés par CheckNews dénoncent un choix arbitraire. Contacté, le proviseur du lycée nous a redirigés vers le rectorat de Poitiers. Qui n'a pour l'heure pas répondu à nos sollicitations.