Planquée derrière ses lunettes de soleil, Evelyne enchaîne les cigarettes. Il est 13 heures et, avec une dizaine de voisins, la retraitée est sortie attendre avec les CRS postés à l'entrée du chemin des Eaux salées. Hormis pour les riverains, c'est seulement à pied que l'on peut grimper sur la route bordée de villas qui fendent la pinède, la mer en contrebas, jusqu'au portail noir du Club Vacanciel, où campent déjà les gendarmes. C'est là, dans ce centre de vacances en lisière de Carry-le-Rouet, station balnéaire voisine de Marseille, que les autorités françaises ont choisi d'installer les quelque 180 passagers en provenance de Wuhan, la commune chinoise d'où est partie l'épidémie de coronavirus.
«Tchernobyl». Dès leur arrivée, les rapatriés, la plupart Français, subiront des examens médicaux, puis ils devront rester confinés durant quatorze jours, encadrés par du personnel de la Croix-Rouge et de la Protection civile et du personnel médical. La veille, le préfet de la région Paca, Pierre Dartout, expliquait que c'est pour son isolement et sa proximité avec l'aéroport, mais aussi de l'Institut universitaire d'infectiologie de la Timone à Marseille, que le site de Carry avait été choisi. «Isolement, tu parles, j'habite à 50 mètres, renvoie Evelyne, très remontée. C'est comme pour Tchernobyl, le virus n