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Libération

Epilogue amer pour l’affaire Lambert

publié le 3 février 2020 à 21h06

Point final. La justice a refermé vendredi le dossier Vincent Lambert, plus de six mois après la mort de cet infirmier, le 11 juillet à 8 h 24. Et plus de onze ans après son accident de voiture, qui l’avait plongé dans un coma végétatif.

Ce fut un temps impossible, parfois utile, mais d’une infinie longueur. Pour Vincent Lambert d’abord, pour sa femme Rachel évidemment, pour ses frères et sœurs, mais aussi pour ses parents qui se sont lancés dans un combat sans fin. Aujourd’hui, même si ces derniers font de nouveau appel, l’histoire judiciaire est close.

Reste donc les médecins. Ces trois médecins qui ont eu à prendre en charge Vincent Lambert, puis à décider. Il est clair qu’ils ont été maltraités, bousculés, injuriés.

Le premier, le Dr Eric Kariger, était chef du pôle Handicap du CHU de Reims. C'est lui qui a lancé, en mai 2013, la première procédure d'arrêt de l'alimentation et de l'hydratation, geste qui allait être contesté par les parents de Vincent. Eric Kariger n'était en rien un obsédé de l'euthanasie. «Je suis médecin chrétien mais je suis médecin d'abord, affirmait-il. Je suis d'abord au service d'un malade et pas au service de mes convictions.» Pour lui, la loi était claire, sa décision aussi. Pourtant, il a dû se cacher, se terrer même. «J'étais devenu l'homme à abattre. On a menacé de s'en prendre à mes enfants. Ça a été très dur.» Finalement, il a démissionné pour partir dans le privé, remplacé peu après par la Dr Daniela Simon. Très professionnellement, elle a relancé l'arrêt des traitements en installant une procédure collégiale, comme le demande la loi. Mais en juillet 2015, elle a craqué. Et décidé de surseoir, estimant que «les conditions de sérénité et de sécurité nécessaires» n'étaient pas remplies. A l'évidence le Dr Simon n'a pas été soutenue. Elle était certes médecin titulaire, mais d'origine roumaine, avec un diplôme étranger. S'est-elle sentie seule, trop agressée ? Après son départ c'est le Dr Vincent Sanchez, homme discret et légaliste, qui la remplace. Il suit toutes les recommandations de bonne pratique. Mais voilà, après la mort de Vincent, il sera poursuivi par les parents de ce dernier pour «non-assistance à personne en danger». Lors du procès, il dira : «A chaque étape, j'ai respecté la loi.» Ce que l'enquête a confirmé. «Le décès de Vincent Lambert est la conséquence directe et exclusive de l'arrêt des traitements et soins», a conclu le procureur de la République de Reims, qui a classé le dossier sans suite. Refermant cette histoire, celle de trois médecins qui n'ont fait que leur travail. En ces temps agités autour de l'hôpital, les autorités auraient peut-être pu le signaler.