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Libération

Un collègue de l’élu RN Christophe Marécaux : «Il n’est pas méchant mais c’est un extrémiste.»

publié le 3 février 2020 à 21h16

Passage en commission de discipline en vue pour le candidat RN Christophe Marécaux. Tête de liste aux municipales à Guînes (Pas-de-Calais), ce conseiller régional dans les Hauts-de-France a posté le 26 janvier un message sur Facebook proposant «l'instruction des adultes et des enfants au tir de défense, face aux menaces islamistes présentes et futures». Le porte-parole du parti d'extrême droite, Sébastien Chenu, a annoncé lundi que son cas allait bientôt être étudié par la direction du RN. Le post en question a été supprimé en cours d'après-midi lundi. Pour la petite histoire, Marécaux sortait de l'assemblée générale de l'association «la Patriote de Guînes», un club de tir de sa ville, quand il a eu l'idée d'appeler à apprendre aux enfants à tirer.

La chose aurait pu passer inaperçue si la presse locale ne l'avait pas relayée ce week-end, et si le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, où est élu Marécaux - mais aussi Marine Le Pen et Sébastien Chenu -, ne s'était pas étranglé lundi matin sur BFM TV. Le LR a condamné des propos «dangereux», et accusé le RN d'«exploiter la colère et la peur des gens». Poussée à réagir, Marine Le Pen a trouvé la proposition de son candidat «stupide». Interrogé par France 3, Marécaux, un ancien militaire, adhérent de l'ex-FN depuis trente ans, en avait rajouté une couche : «L'Etat n'assure plus ses missions régaliennes, nous ne sommes plus en sécurité. On va pas se laisser faire égorger comme des cochons.» Et de préciser qu'il souhaitait plus lancer un débat qu'armer les enfants en vrai.

Lundi, plusieurs élus RN se sont énervés. Jean-Louis Roux, conseiller régional des Hauts-de-France, a écrit un texto à Chenu : «Ras-le-bol qu'à chaque élection, quelqu'un sorte une connerie au risque de plomber la campagne… Irresponsable !» Interrogé par Libé, un collègue à la région explique, au sujet de Marécaux (qui n'a pas souhaité répondre à nos questions), que le type est «un gars à l'ancienne» peu raccord avec la stratégie de dédiabolisation de la formation lepéniste : «C'est plus un "Jean-Marie" qu'un "Marine". Ça ne me surprend pas plus que ça de lui. Ce n'est pas un gars méchant, mais c'est un extrémiste.» Une femme, elle aussi à la région, prend quand même sa défense, sous couvert d'anonymat : «Il n'a pas mesuré l'ampleur que son [post Facebook] pouvait prendre. Il n'a pas compris. Ça n'est pas un type violent, ni malveillant. C'est un mec qui emmène ses enfants à la chasse. Pour lui, une arme, ça n'est pas dangereux, c'est une protection. C'est une question d'autodéfense.»