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Radio France : la CGT «suspend» la grève

Radio France, la grève et après ?dossier
Refusant le plan d'économie et les suppressions de postes de la direction, le syndicat pourrait relancer le mouvement au mois de mars. Des négociations sont en cours avec d'autres organisations professionnelles.
Des employés de Radio France manifestent près du ministère de la Culture, le 29 novembre à Paris. (Photo Geoffroy van der Hasselt. AFP)
publié le 3 février 2020 à 17h53

Au 63e jour du mouvement, la grève est «suspendue» à Radio France. La CGT, premier syndicat au sein de l'entreprise, a décidé ce lundi de faire une pause, à l'occasion d'un vote lors d'une assemblée générale de salariés. L'organisation était la seule à reconduire, de jour en jour, la grève déclenchée fin novembre par l'intersyndicale, perturbant la diffusion à l'antenne des programmes. La mobilisation faisait suite à la décision de la direction de supprimer 223 postes net dans l'entreprise publique, dans le cadre d'un plan d'économies de 60 millions d'euros. Une première suspension avait été décidée pendant les fêtes de fin d'année.

Toujours opposée à ce plan, la CGT prévient qu'elle songe à relancer le mouvement en mars. Pourquoi cette échéance ? Fort moment d'actualité en perspective, les élections municipales, les 15 et 22, offrent un moyen de pression évident sur la tenue des émissions d'information. Par ailleurs, le 20 mars est le terme fixé pour les négociations récemment ouvertes entre la direction de Radio France et quatre syndicats de l'entreprise publique (CFDT, Unsa, SNJ, FO). Leur but : aboutir à un accord pour transformer le plan de départs volontaires initialement prévu en rupture conventionnelle collective (RCC), plus souple dans son application. Ces syndicats, qui représentent une majorité de salariés, espèrent abaisser la réduction d'effectifs visée par la présidente du groupe, Sibyle Veil.

Refus du plan d’économies

«Nous considérons que nous n'avons pas obtenu grand-chose avec cette rupture conventionnelle collective, que cela ne change rien, explique Lionel Thompson, élu SNJ-CGT. Mais puisque quatre syndicats sont entrés dans la négociation, le rapport de force a changé. Des discussions vont avoir lieu pendant un mois et demi. Nous avons besoin de reprendre des forces, informer les salariés de notre position sur la RCC et éventuellement reprendre la grève.» Le syndicat va participer aux discussions, pour argumenter contre la solution désormais envisagée et dire son refus du plan d'économies. Les antennes pourraient de nouveau être perturbées jeudi, en raison de l'appel national à la mobilisation contre la réforme des retraites.

Si ce mouvement spécifique à Radio France est suspendu par la CGT, le mécontentement au sein de l'entreprise publique reste fort, au-delà des syndicats. Dans une tribune publiée vendredi par Libération, plusieurs dizaines de salariés de la maison interpellaient le ministre de la Culture, Franck Riester, après que ce dernier avait soutenu le plan de la direction : «Nous ne sommes ni contre le mouvement ni contre le changement, nous y participons tous les jours. Mais pourquoi fragiliser une maison en pleine santé qui avait retrouvé l'équilibre budgétaire après un premier plan d'économie ? En quoi la suppression de postes serait-elle le corollaire nécessaire de la transformation d'une entreprise ? Est-ce cela, "la meilleure façon" de faire fonctionner le service public que vous dites soutenir ?»