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Récit

«Nuances» politiques : Castaner revoit sa copie

Dénoncé par l'opposition et contredit par le Conseil d'Etat, le ministère de l'Intérieur a publié ce mardi la nouvelle version de la circulaire réformant le classement politique des candidats aux municipales de mars.
Les ministres Nicole Belloubet, Christophe Castaner et Muriel Pénicaud, mardi à l’Assemblée. (Photo Albert Facelly pour Libération )
publié le 4 février 2020 à 16h01

Sévèrement contredit voilà quatre jours par le Conseil d'Etat, Beauvau a revu sa copie. Le ministère de l'Intérieur a publié ce mardi une nouvelle version de ses instructions aux préfets concernant le «nuançage» politique des candidats aux municipales. Le texte corrige les trois dispositions suspendues vendredi par la justice administrative, notamment la non-attribution de nuance dans les communes de moins de 9 000 habitants.

Opéré par les préfets, le nuançage consiste à caractériser politiquement chaque candidat sur la base d’une grille de sensibilités définie par l’administration – divers droite, extrême gauche, etc. Le système était jusqu’ici en vigueur dans les communes de plus de 1 000 habitants. Mais il était critiqué par de nombreux élus qui, surtout dans les petites communes, contestaient l’étiquette leur ayant été attribuée, ou n’en revendiquaient aucune.

Dans sa première version, la circulaire dite «Castaner» prévoyait de hausser à 9 000 habitants le seuil d’attribution des nuances. Une mesure unanimement dénoncée par l’opposition, au motif qu’elle aurait exclu 97% des communes françaises du nuançage, et qu’elle débouchait sur une lecture des résultats plus favorables au camp présidentiel, plus performant dans les agglomérations. Selon la nouvelle version du texte, le nuançage s’appliquera à partir de 3 500 habitants ainsi que dans les chefs-lieux d’arrondissement : un seuil plus consensuel, qui était d’ailleurs en vigueur jusqu’en 2008.

Motif d’indignation

Autre mesure remise en question : l’attribution d’une nuance «divers centre» aux candidats ayant été investis ou même seulement soutenus par un parti qui se déclare centriste, tel que La République en marche, même s’ils étaient par ailleurs investis ou soutenus par mouvement d’une autre sensibilité. Motif d’indignation pour l’opposition, notamment de droite, qui y voyait un moyen supplémentaire de gonfler les résultats du camp présidentiel, notamment à Toulouse ou à Nice où les maires LR sortants, Jean-Luc Moudenc et Christian Estrosi, ont le blanc-seing de la majorité présidentielle. La nouvelle version de la circulaire aligne les règles d’attribution de cette nuance sur celles des catégories «divers gauche» et «divers droite», réservées à des listes non-investies, mais soutenues par un parti reconnu.

Dernière correction : le parti souverainiste de Nicolas Dupont-Aignan, Debout la France, se voit reclassé parmi le bloc de droite, alors que la précédente version de la circulaire lui attribuait la nuance «extrême droite».