La scène s'est déroulée le 20 janvier au château de Versailles, lors du sommet Choose France. Au déjeuner, deux serveurs gilets jaunes auraient «glissé un mot» sous la serviette du Premier ministre, Edouard Philippe, et de la garde des Sceaux, Nicole Belloubet, selon un post Facebook accompagné d'une photo. Celle-ci montre un homme, en tenue de maître d'hôtel faire une quenelle - geste popularisé par Dieudonné, polémiste condamné pour antisémitisme - derrière le pupitre officiel. CheckNews a retrouvé une serveuse, gilet jaune de la première heure, qui dit avoir participé à cette action. La veille de sa prestation en extra, elle apprend la présence de membres du gouvernement : «J'ai cogité toute la nuit… Je me suis dit : "Je vais jeter mon tablier et leur dire ce que je pense."» Et de préparer des notes disant : «Il est grand temps que vous preniez conscience que sans le peuple que vous malmenez, vous n'êtes rien. […] Alors symboliquement, j'ai décidé de ne pas vous servir. […] Perdre mon travail me fait moins peur que de vivre dans le monde que vous nous préparez.»
Le matin même, un collègue, lui aussi gilet jaune, décide de placer un mot sous la serviette du Premier ministre. «Il avait écrit "les gilets jaunes triompheront". Donc j'ai noté ce que j'avais préparé et je l'ai mis sous la serviette de Belloubet. Philippe a lu le mot, sa sécurité est venue autour de lui. La ministre de la Justice l'a tendu à son équipe sans le lire. Puis, avec un autre collègue, nous avons posé notre tablier et sommes partis.» La serveuse précise : «En cuisine, je me suis servi un verre de vin, parce que c'est payé avec nos sous !» Côté Matignon, on indique que le Premier ministre «n'a jamais reçu un tel mot». En revanche, l'entourage de Belloubet dit qu'elle s'en souvient très bien. Mais précise avoir «été servie tout à fait normalement». Quant à la photo de la quenelle, la serveuse assure qu'elle a été prise en son absence, pendant la mise en place de la salle. Et d'interpréter ce geste comme une référence aux «chants de manif, dans la rue, quand on dit "Manu, la quenelle dans ton c…" tout ça… Cette photo derrière le pupitre, c'était pour dire "nous aussi on est là"».