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Doctorants et docteurs précaires : «On n’est jamais assez bien, alors qu’on se tue au travail»

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Sous-payés, sous pression, les précaires de l'enseignement supérieur et de la recherche sont en lutte depuis deux mois. Ils racontent leur quotidien pour «Libération».
Enseignants-chercheurs et étudiants déposent symboliquement leur matériel de travail devant la Sorbonne, mercredi dernier. (Photo Denis Allard pour Libération)
publié le 12 février 2020 à 10h39

«On est exploités alors que sans nous, l'université ne tourne pas !» soupire Juliette (1), en deuxième année de thèse. Assise sur un banc place de la Sorbonne, elle jette un regard désabusé vers l'université Paris-1, où elle est vacataire. Depuis deux mois, comme elle, de nombreux précaires sont mobilisés pour dénoncer leur situation : grèves, tribunes, manifestations, la parole se délie. «Ça fait des années qu'on est maltraités, mais personne n'en parlait, par peur de perdre nos contrats», marmonne la doctorante de 24 ans derrière son écharpe.

En France, 24% des enseignants du supérieur sont précaires (sans compter les vacataires). Ils peuvent aussi bien être doctorants ou docteurs enchaînant les contrats courts, et travaillent sous différents statuts : doctorants, thèse financée ou non, avec une mission d'enseignement, Ater (attaché temporaire d'enseignement et de recherche), avec un CDD d'un an renouvelable une fois… C'est encore plus compliqué pour les quelque 130 000 vacataires. Ils sont payés à l'heure de cours donnée et ne cotisent pas. Docteure en arts, Eugénie