L’horizon s’assombrit à nouveau pour Tariq Ramadan, soupçonné de plusieurs viols. Des accusations qu’il dément. Interrogé ce jeudi par les juges d’instruction, l’intellectuel s’est vu signifier deux nouvelles mises en examen pour «viol», confirmées en fin de journée à l’AFP par Me Emmanuel Marsigny, son avocat.
Les faits concernent deux femmes interrogées, en février 2019, par la brigade criminelle. A partir d’un important stock de photos pornographiques appartenant à Ramadan, les enquêteurs avaient identifié plusieurs de ses anciennes conquêtes et en avaient interrogé une dizaine. Pour deux d’entre d’elles qui reconnaissaient des relations consenties, le parquet de Paris avait malgré tout demandé des investigations complémentaires. L’une de ces deux femmes s’était, selon l’AFP, récemment constituée partie civile.
Contrôle judiciaire très strict
Agé de 57 ans et souffrant d’une sclérose en plaques, Tariq Ramadan est apparu assez éprouvé physiquement à son arrivée jeudi au tribunal de Paris. Il était accompagné de son épouse et de sa fille cadette qui, selon des sources proches du dossier, se sont installées au Royaume-Uni. Soumis à un contrôle judiciaire très strict, le théologien vit lui-même à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Il avait été convoqué une première fois, le 23 janvier, mais avait fait un malaise, réclamant l’intervention des pompiers et donnant lieu à une hospitalisation.
Jeudi, au terme de plusieurs heures d'audition, Tariq Ramadan, accompagné de son avocat, a quitté, très discrètement, le tribunal de Paris, vers 14 h 45, cherchant à ne pas être reconnu. Sollicité par Libération, Me Marsigny n'a pas donné suite.
Sous le coup de trois autres plaintes
L’intellectuel musulman était déjà mis en examen dans trois affaires de viol, deux en France et une en Suisse. Depuis sa remise en liberté en novembre 2018 après dix mois de détention provisoire, Tariq Ramadan n’avait pas été entendu sur le fond par les juges. Pour sa défense, il a toujours argué que les relations avec ses accusatrices étaient consenties.
Outre les mises en examen dont il fait l’objet, Ramadan était sous le coup de trois autres plaintes. Pour l’une d’elles, émanant de Mounia Rabbouj qui l’accuse de plusieurs viols commis entre 2013 et 2014, il a été placé sous le statut de témoin assisté.
L’une des plaignantes, surnommée Elvira dont la plainte a été rendue publique fin août 2019, l’accuse d’un viol commis en réunion en mai 2014 à Lyon. Cette femme d’une cinquantaine d’années, ancienne animatrice de radio, ne s’est pas présentée aux convocations de la brigade criminelle, ni de la justice. Selon les éléments de l’enquête qui ont filtré dans la presse, les accusations de la quinquagénaire sont de plus en plus sujettes à caution.
En revanche, le volet suisse de l’affaire Ramadan semble actuellement au point mort. A Genève, les avocats de Brigitte (un prénom d’emprunt) se sont récemment alarmés des retards pris. Il revient aux juges d’instruction français de fixer la date des auditions et des confrontations qui auront lieu à Paris. A cause du contrôle judiciaire auquel il est soumis, Tariq Ramadan ne peut quitter le territoire français.