Menu
Libération
Analyse

Retraites : à gauche, les députés unis pour s’opposer

Dans l’hémicycle, communistes, insoumis et socialistes tentent de contrer la majorité. Un front commun contre Macron qui n’empêche pas les divergences.
Jean-Luc Mélenchon à l’Assemblée nationale en octobre. (Photo Denis Allard)
publié le 16 février 2020 à 21h01

Une attaque sur tous les fronts. Les députés installés à gauche de l’hémicycle se retroussent les manches pour accueillir la réforme des retraites. La victoire paraît compliquée face au rouleau compresseur En marche. Mais les gauches tentent d’ouvrir les portes et les fenêtres du Palais-Bourbon pour se faire entendre. Ils souhaitent prouver au monde entier que l’avenir des retraités s’annonce sombre.

Bataille

Ce lundi matin, une soixantaine de députés (il en faut 58, comme pour une motion de censure) doivent déposer une motion référendaire avant l'ouverture de la séance. Les communistes, insoumis et socialistes sont en première ligne. L'idée est née la semaine passée, dans les colonnes du journal l'Humanité, avec un chiffre clé : 67 % des Français souhaitent un référendum. L'opposition n'y croit pas vraiment, elle sait que le pouvoir ne prendra pas le risque de convoquer une élection qui pourrait dépasser le sujet des retraites et se transformer en règlement de compte à l'endroit du président de la République. Le député insoumis Eric Coquerel dit seulement : «Notre devoir est d'utiliser tous les outils pour stopper cette réforme.»

A l'intérieur de l'hémicycle, la bataille s'annonce âpre et longue. Les députés de La France insoumise ont déposé 12 904 amendements et le chiffre atteint 15 797 en y ajoutant ceux des communistes et des socialistes. Les marcheurs dénoncent une «obstruction» et les gauches se marrent. Elles ne cachent pas le double objectif : lever «tous les lièvres» du texte et maîtriser le temps. «La majorité veut aller au plus vite, si possible avant les municipales, pour ne pas se faire punir dans les urnes, mais ce n'est pas une manière de faire. La réforme est importante donc nous devons prendre le temps de débattre», explique un député socialiste.

Baston

Ce lundi après-midi, les insoumis organisent une «une assemblée populaire» sur la place du Président-Edouard-Herriot. Au programme, plusieurs prises de parole de politiques, syndicalistes et grévistes. LFI a toujours tenté de concilier l'Assemblée nationale et la rue. Pas toujours une réussite.

Si les députés de la gauche de l'hémicycle s'accordent contre Macron, ils se divisent sur la ligne. Le député Coquerel estime que le climat actuel est «mûr» pour la baston et que l'heure est venue de mélanger les colères afin de tordre le bras au gouvernement. Les socialistes, eux, mettent en doute cette stratégie. Ils estiment que l'espace s'est «ouvert» cet hiver, durant les grèves, mais qu'il s'est «refermé».

Et Jean-Luc Mélenchon et les siens, qui souhaitent déposer rapidement une motion de censure contre le gouvernement, ne peuvent le faire sans les communistes et les socialistes. Il y a de nombreuses discussions sur le sujet. Pour la présidente du groupe PS, Valérie Rabault, il est trop tôt. Le «débat d'abord», dit-elle. Une réponse qui irrite les insoumis. Et les oblige à être patients.