Catherine Fabre est députée LREM de la 2e circonscription de Gironde.
Pourquoi, selon vous, les femmes seront gagnantes dans le système proposé par le gouvernement ?
Les femmes seront gagnantes parce que le nouveau système des retraites sera beaucoup plus redistributif en faveur des basses pensions. Et l’on sait que les personnes qui ont des carrières hachées et des pensions faibles sont souvent des femmes. 20 % d’entre elles doivent attendre 67 ans pour liquider leur retraite et avoir un taux plein. Nous travaillons à réparer ces inégalités. Dans le projet de loi, la nouvelle redistribution prévoit que 25 % de celles et ceux qui ont les pensions les plus faibles verront leur retraite augmenter de 30 %. Tous les efforts que l’on fait également pour que les points de début de carrière valent autant que ceux de fin de carrière vont profiter aux femmes. Le projet de loi prévoit aussi des majorations des pensions à partir du premier enfant, car on considère que cela peut peser sur la carrière. Ainsi qu’une augmentation de 5 % par enfant et, par défaut, ce droit va de fait aux femmes, sauf si on demande l’inverse. Jusqu’à présent ce n’était pas prévu dans la loi. Et on va même plus loin car les députés travaillent pour aller vers un plancher minimum sur ces 5 %. Pour les pensions les plus faibles, les premier et deuxième déciles, ces 5 % seront donc rehaussés. On pousse aussi pour que les parents isolés voient leurs droits augmenter. On a vraiment cherché à aider l’ensemble des femmes.
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Vous dites qu’elles auront de meilleures pensions, mais elles ne pourront plus bénéficier de trimestres pour partir plus tôt. Or, aujourd’hui, en plus d’avoir des pensions plus basses que les hommes, elles partent aussi plus tard…
Ces trimestres, c’est du temps qui permet de valider le fait d’avoir un taux plein ou pas. Mais il y a plein de femmes qui ont leur taux plein sans avoir besoin de ces trimestres. Et à l’inverse, il y en a qui doivent attendre 67 ans. Il y a plusieurs cas de figure. Demain, si vous êtes une femme avec un enfant, dans le nouveau système, vous obtenez une majoration de 5 %. Le fait d’avoir un enfant rapporte de l’argent pour 100 % des femmes. Le système des trimestres, lui, ne rapportait pas d’argent mais aidait les femmes à acquérir leur taux plein. Pour un certain nombre, ce n’était pas utile et ça ne donnait pas de supplément d’argent. Dans le nouveau système, ce supplément, si vous voulez le troquer contre du temps, vous pouvez. Le système est beaucoup plus libre.
Quelles propositions feriez-vous pour réduire les inégalités de salaire et de carrière, et celles entre femmes et hommes à la retraite ?
On a déjà l’index de l’égalité qui a été mis en place par Muriel Pénicaud et que je trouve très bien. L’idée, c’est de dire qu’au-delà du principe, il faut des actes. Aujourd’hui, on mesure les inégalités dans les entreprises. Et à partir d’une certaine date, si elles n’ont pas corrigé les écarts de salaires, elles seront sanctionnées. Il y a une volonté forte du gouvernement de combler ces inégalités. A l’avenir, on peut aussi agir sur les stéréotypes de métiers ou encore développer le soutien au niveau des crèches.