Menu
Libération
Interview

«Les jeunes médecins refusent de travailler autant et ils ont raison»

Article réservé aux abonnés
Installés en 1977 à Bagneux dans les alentours de Paris, Jean-Louis Boujenah et Martin Buisson viennent de prendre leur retraite. Les deux généralistes, engagés dans l’humanitaire ou la lutte contre le VIH, racontent quarante ans au service de la population.
Avec de nombreux patients toxicomanes, les médecins ont été longtemps contraints de s’écarter de la légalité pour les aider. (Photo Lucile Boiron)
publié le 17 février 2020 à 20h51

Jean-Louis Boujenah, 70 ans, et Martin Buisson, 68 ans, ont commencé leur carrière de médecin généraliste ensemble. Ils se sont installés en 1977 à Bagneux (Hauts-de-Seine), dans un quartier typique des alentours de Paris - beaucoup de béton, de gris, un cimetière et une petite zone pavillonnaire. C’était avant que les médecins soient notés par leurs patients sur Google, que les municipalités proposent des bonus aux généralistes pour les inciter à s’installer dans leur commune, avant que Doctolib ne robotise les premiers contacts avec les soignants, avant aussi la lente disparition des médecins de famille à l’ancienne. Collaborateurs et amis - ou l’inverse - ils ont tous deux milité pour prodiguer une vraie médecine de proximité dans une zone a priori peu attractive, à l’époque où les cabinets médicaux n’étaient pas encore la norme. La salle d’attente de leur cabinet était toujours pleine à craquer de patients qu’ils recevaient parfois (souvent) jusqu’à 21 heures. En parallèle, ils ont aussi été membres - très - actifs de Médecins du monde, à l’étranger et à Paris auprès des personnes sans ressources, avant que la santé des plus pauvres ne soit prise en charge. Martin Buisson a notamment travaillé en immunologie à l’hôpital dès l’apparition du VIH, Jean-Louis Boujenah sur l’hépatite C.

Attachés à Bagneu