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Une semaine dans les bistrots de Lille Au Switch ou bien : «Aubry, c’est une taulière»

Devant Le Switch ou bien, le 14 février. (Aimee THIRION/Photo Aimée Thirion pour Libération)
par Stéphanie Maurice, correspondante à Lille
publié le 18 février 2020 à 20h41

«Merci, Pierrot !» Au bar le Switch ou bien, on lève son verre à la mémoire de Pierre de Saintignon, le premieradjoint aux affaires économiques de Martine Aubry, mort l'année dernière. Son fidèle des fidèles, «ils étaient comme frère et sœur», dit Marco, 39 ans, entrepreneur. Il a connu les débuts d'Euratechnologies, le pôle numérique lillois, porté par Saintignon. A cette époque il venait de créer sa start-up. «Tout le monde lui a ri au nez, mais quand on voit aujourd'hui l'impact sur l'emploi, sur la région, sur nos boîtes…»

Il en reste admiratif. «C'était un vrai projet. Une ancienne usine textile transformée en pôle d'innovation, qui transforme le quartier.» Son pote Tom, entrepreneur lui aussi, l'interrompt : «On peut dire ce qu'on veut, la French Tech est née ici.» Les gens d'Euratechnologies ont la reconnaissance du ventre : même le groupe de jeunes business-développeurs politico-sceptiques l'admettent, à contrecœur : «C'est le top, ici.» Happy hours, boissons à moitié prix, c'est l'afterwork et les shoots défilent. Un d'eux, tout de même : «C'est tombé quand l'inauguration ici, c'était pas au moment d'une de ses réélections, à Martine Aubry ?»

A l'intérieur du Switch ou bien

. Photo Aimée Thirion pour

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La maire sortante, c'est une autre paire de manches, en effet : «Autant Saintignon était à l'écoute de notre métier, autant Aubry n'écoute rien», soupire Marco. «Au bout de trois minutes, elle va parler de Macron. C'est une obsession.» Il n'apprécie pas son côté dame de fer : «Elle est capable de mettre une claque à un collaborateur comme de ramener un SDF dans sa propre voiture», imagine-t-il. Marco a voté Macron à la présidentielle. «Je fais partie de ceux qui ne regrettent pas forcément. Si j'étais logique avec moi-même, je devrais voter Spillebout.» Mais il estime qu'En marche s'est fourvoyé. «C'était la guerre nucléaire avec Valérie Petit [députée, candidate elle aussi à l'investiture, ndlr] Il lui reproche aussi d'être une ancienne collaboratrice de la maire socialiste et d'être passée à LREM. «Aubry va mettre un point d'honneur à la décrédibiliser.»

Tom se marre : «C'est une taulière, Aubry, Lille c'est chez moi, et ça restera chez moi.» Marco va voter pour elle, à cause d'Euratechnologies. «On est les premiers bénéficiaires, c'est un vote de respect et de continuité.» Tom choisira le blanc, par principe, lassé du show politique et médiatique. De toute façon, il habite Lambersart, la ville voisine. Mais au fond, ils savent Aubry incontournable : «Elle est devenue iconique, le symbole du PS et de Lille.»

Photo Aimée Thirion pour

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