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Libération
Témoignage

Niaraga, 16 ans : «Le froid m’empêchait complètement de dormir, toutes les nuits ça me réveillait»

publié le 19 février 2020 à 18h06

«Depuis mon arrivée en France en juin 2019 jusqu’en novembre, j’ai dormi dehors. En septembre, octobre, le plus fatigant, c’était le froid. Parfois, ça m’empêchait complètement de dormir. Toutes les nuits, ça me réveillait. Pour se réchauffer, on se collait avec mon ami et on mettait des couvertures sur nous. C’était une couverture par personne. C’est Utopia 56 qui donne les couvertures. Ils donnent aussi des tentes, des chaussettes. J’ai demandé des pulls, mais il n’y en avait pas. Mon manteau, c’est une dame de [l’association] les Midis du MIE qui me l’a donné. Je dormais Porte d’Aubervilliers. Toutes les deux ou trois semaines, la police nous demandait de nous en aller. On était obligés de prendre et remettre nos affaires à chaque fois. Je me suis déplacé dans deux foyers, mais ils disaient qu’il y avait pas de place. Le froid, ça me fatiguait tellement que parfois je dormais pendant les cours de français, parce que j’avais pas dormi et que j’arrivais pas à me concentrer. C’était difficile, mais j’ai tellement envie de parler français que ça m’a donné du courage. «Manger, c’est dehors aussi… à Porte de la Villette, ou à Couronnes, au jardin. Mais on y trouve du café, du thé. Maintenant, ça va mieux car depuis novembre je suis dans une caravane à Porte dorée, mais on sait jamais. C’est Agathe, des Midis du MIE, qui m’y a logé. Dedans, il fait chaud, il y a le chauffage. Je dors bien, je suis tranquille. C’est trop bien.

«Hier, il pleuvait et j’ai pu rester toute la journée dans la caravane à boire du thé, du jus, du lait, à manger des biscuits et des bananes. Il y a un salon avec deux lits dedans. Mais si je trouvais une maison, on serait mieux, parce que c’est dans un champ, à un kilomètre du métro. C’est loin parce qu’on marche déjà beaucoup toute la journée. Quand je vais à la bibliothèque pour me réchauffer, je parle sur Facebook avec mes amis et ma famille qui sont au Mali. Je leur dis pas que j’ai dormi dehors et que maintenant je dors dans une caravane. Ils sont déjà inquiets pour moi, et si je leur dis, ils vont se faire trop de souci. Si pour un parent, son enfant dort dehors, il va plus dormir lui non plus.»