Le «burn-out», qu’on pouvait imaginer réservé aux cadres urbains, frappe désormais durement le monde paysan. C’est le sombre tableau qui ressort d’une étude publiée cette semaine par la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire, alors que la grand-messe du secteur, le Salon de l’agriculture, s’ouvre ce samedi à Paris.
Dans ce département de 7 000 exploitations, le deuxième plus vaste de France en surfaces agricoles utilisées, une série de suicides en 2017 a poussé les responsables locaux à s’interroger : pourquoi un tel mal-être ? Un tiers des quelque 300 agriculteurs qui ont répondu à l’observatoire Amarok, spécialiste de la santé des travailleurs non salariés, jugent leur santé physique passable ou mauvaise. La proportion est identique pour la santé mentale. En Saône-et-Loire, un paysan dort en moyenne six heures et vingt-deux minutes par nuit, soit 42 minutes de moins que le reste de la population française. 66 % n’ont pris qu’une journée de repos (voire moins) au cours du dernier mois, tandis que le temps de travail hebdomadaire dépasse les 50 heures pour la moitié des sondés. Autant de facteurs qui expliquent que 35 % des paysans présentent un risque de burn-out.
«La situation est grave, préoccupante depuis dix ans, mais nettement critique depuis deux à trois ans, analyse Bernard Lacour, éleveur bovin et président de la chambre départementale d'agriculture. Les agriculteurs sont isolés, géographiquement, socialement, affectivement.» Cette situation n'est p