Cent ans après le Congrès de Tours, c’est une large union des forces de gauche qui brigue la mairie. Dans une ville qui se prête au slogan-calembour – «C’est au Tour(s) du peuple», affirme Claude Bourdin, dissident de La France insoumise, tandis que le marcheur Benoist Pierre l’assure, «C’est votre Tours» – la liste «Pour demain Tours» fédère EE-LV, le Parti socialiste, La France insoumise, Ensemble !, Génération·s, Génération écologie, Nouvelle donne, Place publique et le Parti communiste. En cas de victoire, Emmanuel Denis, ingénieur de 48 ans chez STMicroélectronics, deviendrait le premier maire écolo de cette ville d’un peu plus de 135 000 habitants.
Démarche citoyenne et rassemblement
Engagé auprès d’EE-LV depuis 2013, il met en avant le dialogue citoyen comme amorce à la dynamique d’union. Cette approche se retrouve dans la composition de la liste, composée pour près de la moitié de membres non encartés. LFI a donné son soutien à la liste sur la base de cette démarche citoyenne. Le rassemblement a aussi été affaire de stratégie interne au sein des différentes forces politiques en présence. Cinquième sur la liste, l’ancien député Jean-Patrick Gille estime avoir travaillé de longue date à convaincre ses camardes socialistes de se joindre à une liste de rassemblement.
Les différents partis se retrouvent autour de trois axes forts du programme : l'écologie, la participation des citoyens aux prises de décision, et les solidarités. Parmi les premières mesures dévoilées, Emmanuel Denis cite la création de cinq voies cyclables protégées, 5 % du budget d'investissement (1 million d'euros) pour la réalisation de projets d'aménagement initiés et concrétisés par les habitants, une attention portée à l'égalité femmes-hommes dans l'octroi de subventions aux associations, la tarification progressive pour l'eau ou encore la gratuité de l'aide aux devoirs. «Nous voulons mettre en œuvre une politique sociale forte. Pour nous, fin du mois, fin du monde, c'est le même combat», lâche le candidat, qui place les électeurs de gauche et les abstentionnistes au centre de son attention.
Concurrence de plusieurs listes au centre
Quand bien même les électeurs tourangeaux ont placé LREM en tête aux européennes, devant EE-LV, le maire, Christophe Bouchet, par ailleurs ancien président de l'Olympique de Marseille, n'entend pas céder son fauteuil. Ce proche de Jean-Louis Borloo part avec l'appui de l'UDI, du Mouvement radical et des Républicains et doit gérer la concurrence de plusieurs listes au centre dont celle de Benoist Pierre, universitaire, pour LREM. Attaqué par Emmanuel Denis sur son bilan pour l'environnement, Christophe Bouchet réplique : «Il y a une écologie volontariste. Je recherche l'adhésion, pas la punition.» Différentes visions de l'écologie s'affrontent et un premier sondage Ifop pour la Nouvelle République donne la faveur à Emmanuel Denis, à 33 % des intentions de vote, devant Christophe Bouchet à 29 %. Troisième à seulement 12 %, le candidat LREM serait largement distancé.