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Libération
Récit

A droite, la campagne des municipales contaminée

Du RN, qui en profite pour vanter la fermeture des frontières, à Buzyn, qui tacle Hidalgo, nul ne perd des yeux la prochaine échéance électorale.
Agnès Buzyn (LREM) dans le Ve arrondissement de Paris, le 18 février. (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT/Photo Christophe Archambault. AFP)
publié le 24 février 2020 à 21h11

Alors qu'Olivier Véran, ministre de la Santé, a déclaré dimanche que la France se préparait à une possible «épidémie», les réactions de la classe politique française ne se sont pas fait attendre. A droite et à l'extrême droite surtout. La présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, s'est empressée de citer un article de Paris Match relevant que «l'Arménie, la Turquie, la Jordanie, le Pakistan et l'Afghanistan ont fermé leurs frontières ou restreint les échanges avec l'Iran pour endiguer toute propagation du virus». S'exprimant sur Twitter, elle a ajouté, non sans ironie, que «les dirigeants de ces pays doivent être probablement moins intelligents que notre nouveau ministre de la Santé ? Ou pas…» Nicolas Dupont-Aignan, chef de file de Debout la France, est également monté au créneau sur ce même réseau social en demandant le rétablissement «des contrôles à nos frontières, y compris dans nos aéroports».

«Plan d’urgence»

Du côté des Alpes-Maritimes, département frontalier de l'Italie où l'on compte désormais plus de 200 malades du Covid-19, le député Les Républicains Eric Ciotti a écrit au Premier ministre, Edouard Philippe, pour réclamer un «plan d'urgence», avec «la mobilisation des établissements hospitaliers» et des contrôles renforcés à la frontière. Ce à quoi le préfet du département, Bernard Gonzalez, a répondu par la négative : «Imaginer un système de contrôle total des frontières […] relève d'une complexité forte, et donc à ce stade aucune décision en ce sens n'a été prise.» Le même préfet a en revanche annoncé un renforcement du dispositif sanitaire, dans un département où sont maintenus le carnaval de Nice et la Fête du citron de Menton, débutés tous deux le 15 février.

Agnès Buzyn a pris part au débat à l'échelle francilienne en affirmant au micro d'Europe 1 que les agents municipaux de Paris ne s'étaient pas préparés à un éventuel confinement de la capitale. En pleine campagne pour les élections municipales à Paris, l'ancienne ministre de la Santé n'a pas hésité à s'en prendre à Anne Hidalgo, estimant qu'elle n'avait pas suivi ses recommandations : «Vous lui demanderez si elle les a prises en compte et si elle a formé ses agents […]. A mon avis, ils ne le sont pas aujourd'hui.» Une saillie mal accueillie du côté des soutiens de la maire sortante : son directeur de campagne, Emmanuel Grégoire, y voit ainsi «des propos à la fois inexacts et mensongers», quand Rémi Féraud, sénateur socialiste, dénonce une erreur de timing d'Agnès Buzyn, «juste après avoir déserté le ministère de la Santé en pleine crise».

Marathon

L'idée d'un Paris sous cloche a poussé d'autres personnalités publiques à prendre la parole. Le médecin urgentiste Patrick Pelloux s'est exprimé sur France Bleu Paris, laissant apparaître dans ses paroles toute son appréhension : «Ce qui est inquiétant, c'est que l'épidémie est en train de se répandre beaucoup plus vite que ce que l'on pensait. Il y a l'Italie, l'Iran, Israël, le Liban… Si jamais nous avions ne serait-ce qu'un foyer en Ile-de-France, cela aurait évidemment des conséquences assez difficiles à vivre pour les Franciliennes et les Franciliens.»

De quoi s'interroger pour certains sur le maintien du semi-marathon et du marathon de Paris, qui devraient respectivement se tenir le 1er mars et le 5 avril. Les marathons de Bologne et de Tokyo ont, eux, déjà été annulés.