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Libération

A Lunéville, opération «Vélo’s cool» to school

publié le 24 février 2020 à 19h56

Si ce n’est quelques vélos tracés à la peinture blanche sur le bas-côté des routes, Lunéville (Meurthe-et-Moselle) n’a pas grand-chose d’une ville cyclable. Admettons que la météo n’aide pas. Mais on a beau sillonner le centre-ville sous la grisaille, le cycliste se fait désirer comme un ado qui traîne des pieds. D’ailleurs, c’est lui, l’ado, qui va changer la ville. C’est en tout cas le pari de la Communauté de communes du territoire de Lunéville et Baccarat (CCTLB), qui offre à chaque collégien et lycéen qui le souhaite un vélo, via l’opération Vélo’s cool, lancée à la rentrée dernière.

Direction Jolivet, commune voisine, où la famille Bullier fait figure de pionnière. Fin juin, ils étaient les premiers à se voir remettre les bécanes et tout l'attirail (casque, poncho de pluie, cadenas, gilet ou manchons réfléchissants) contre une caution de 75 euros et la signature d'une convention dans laquelle ils s'engagent à en faire «bon usage». Puis ils ont suivi deux journées de formation gratuite, dispensée par l'association Vélo Lun', pour apprendre le code de la route et s'entraîner en conditions réelles. Dix heures obligatoires pour les CM2, sixièmes et cinquièmes, facultatives pour les autres.

Depuis, les Bullier goûtent une certaine liberté. Fini de faire le taxi pour l'école ou les activités extrascolaires. Pour Louise, l'aînée, «c'est devenu une habitude. Je n'attends plus le bus, qui ne passe que le soir. Quand les cours terminent plus tôt ou qu'une prof est absente, je peux rentrer. Avant, j'avais trente minutes de bus puis dix minutes de marche. Avec le vélo, j'y suis en quinze minutes».

Des départs groupés sont proposés par l’association d’insertion Ines Sois Mobile, chargée de la mise en œuvre du dispositif. Des mécaniciens suivent les jeunes et élaborent avec eux les itinéraires. Surtout, ils assurent un service de hotline. En cas de panne sur le chemin, ils s’engagent à intervenir dans les dix minutes.

Depuis la rentrée, ils n’ont été appelés trois fois. C’est que les vélos ont été spécialement conçus pour être increvables, même entre les mains d’ados. Les jeunes siégeant au conseil communautaire ont participé au développement du modèle, fabriqué et assemblé par une entreprise sociale et solidaire de la région, Wheel’e.

Les mécaniciens de la hotline passent une fois par semaine dans chacun des cinq établissements scolaires pour réviser les vélos pendant que les gamins sont en classe. L’association tient un tableau de suivi et s’assure que chaque vélo est vu tous les mois. Sinon, les mécanos viennent même à domicile.

Actuellement, une soixantaine de jeunes roulent en Vélo's cool. La CCTLB espère qu'ils seront 400 à la rentrée prochaine. «Il s'agit de donner envie de faire du vélo au reste de la famille, aux amis, et d'inciter les maires à réaliser des aménagements cyclistes. On espère un effet d'entraînement», explique Laurent de Gouvion Saint Cyr, président de la CCTLB.