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Libération

A Rennes, la candidate macroniste met les statistiques à sa sauce

publié le 24 février 2020 à 19h56

De l'art de faire dire aux chiffres tout et son contraire. C'est une cité souffrant d'un taux de chômage alarmant qui ressort des statistiques mises en avant par la candidate LREM à la mairie de Rennes, Carole Gandon. Celle-ci a publié un communiqué pour réagir au «bilan dithyrambique» présenté par sa concurrente, la maire PS sortante Nathalie Appéré.

Se basant sur les calculs de l'Insee, Gandon pointe un taux de chômage passé de 14,8 % en 2011 à 17 % en 2016 (contre 13,6 % au niveau national). Ces chiffres peuvent surprendre, alors que selon ceux du ministère du Travail, le taux était de 6,6 % au dernier trimestre 2019 sur le «bassin d'emploi» rennais, contre 8,3 % en France métropolitaine. Olivier Dulucq, porte-parole de Carole Gandon, réfute tout travestissement et précise que «si on ramène les chiffres de Pôle Emploi à la seule ville de Rennes, on arrive à plus de 15 %, avec des pics à plus de 20 % dans certains quartiers. […] La situation rennaise mérite d'être relevée».

Ce portrait sombre a pu étonner, alors qu'il y a quelques mois, l'un des colistiers de la liste LREM, Henri-Noël Ruiz, ancien directeur de l'Audiar (l'agence d'urbanisme de la métropole), cité par Ouest-France, ne tarissait pas d'éloges sur «des embauches à leur plus haut niveau» et une «politique d'attractivité, de promotion du territoire […] qui porte ses fruits». Selon l'Audiar, les emplois salariés étaient en augmentation de 3 % en un an sur la ville. Quelques jours après les bons chiffres du chômage, salués par les députés LREM d'Ille-et-Vilaine Florian Bachelier et Laurence Maillart-Méhaignerie, Carole Gandon n'a pas hésité à paraître en décalage avec son camp.

Déplorant une ville «moins sûre, moins propre, moins belle», son appréciation des questions de sécurité a pu aussi faire sursauter. Se basant sur le nombre de crimes et délits constatés par la police et la gendarmerie en 2019 (14 364), elle en arrive au résultat faramineux de 39 crimes et délits commis chaque jour à Rennes. En oubliant de préciser qu'ils recouvrent pas moins de 107 infractions allant de la simple vente sans facture aux agressions les plus graves. «On ne dit pas que Rennes est Chicago, mais on ne veut pas être non plus dans le déni en se contentant de dire que c'est pire ailleurs», observe Olivier Dulucq.