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Libération

A Nice, les écolos embauchent des CDD pour tracter

par Mathilde Frénois, correspondante à Nice
publié le 25 février 2020 à 20h46

La pile de tracts est bordée d'un liseré vert. La disposer en éventail, c'est se rendre compte que tous les flyers ne sont pas identiques : certains abordent le «plan vélo», d'autres «l'humanité envers les animaux». L'école et la mer ont aussi droit à leur prospectus. «On a décidé de faire des tracts thématiques, confirme Juliette Chesnel, candidate aux municipales pour le parti Nice Ecologique. Ça permet d'engager la conversation.»

Depuis décembre, certains de ses «tracteurs» ont dû se former fissa à ses dossiers. Le parti a en effet embauché 25 personnes en CDD pour tracter et animer les réseaux sociaux. Pas des militants pur sucre, mais des temps partiels de 15 heures et parfois des temps pleins, payés au smic. «Après avoir postulé sur Pôle Emploi, les personnes ont passé un entretien d'embauche et ont eu une formation, précise la candidate, en deuxième position sur la liste. Chaque semaine, ils ont un briefing de l'actualité.» C'est qu'il ne suffit pas de distribuer les tracts. Il faut surtout convaincre les électeurs de voter écolo plutôt que Christian Estrosi, le maire LR sortant. «Il y a un enjeu grave pour la ville de Nice. Nous nous donnons tous les moyens de gagner la mairie, soutient Jean-Marc Governatori, tête de liste. C'est lui qui financera avec ses propres ressources les salaires des 25 CDD, la somme dépassant la barre des dépenses autorisées par les comptes de campagne. «Ce sont des pratiques qui se faisaient partout. Avant, elles étaient illégales car c'était au black», assure un cadre du parti qui a communiqué sur ces embauches «par un souci de transparence». Nice Ecologique manque-t-il à ce point de militants ? «On est un parti avec plus d'électeurs que de militants. Notre adhésion n'est pas gratuite : les gens qui s'engagent doivent faire tourner le parti, pas simplement remplir une fiche avec leur nom, justifie Juliette Chesnel. Je n'ai pas honte. On a en face de nous une machine de guerre.» Pour être embauchés, les chômeurs devaient forcément avoir une affinité avec l'écologie. «Ce sont des gens qui ont besoin d'emploi. Il y a bien sûr un côté alimentaire. Mais ils sont aussi engagés.» L'une d'elles a même abandonné son contrat pour devenir militante. Et figure en 12e position sur la liste.