Entre une réforme des retraites «bâclée» et les demandes de l'opposition de gauche, la droite ne veut pas choisir. Depuis l'ouverture du dossier, elle s'efforce de faire valoir une troisième voie – même si ces efforts ne lui ont, jusqu'ici, pas valu la même audience. Nouvel épisode ce mardi, alors que le débat s'enlise à l'Assemblée nationale : plutôt qu'un abandon de la réforme, souhaité par la gauche, ou un recours au 49.3, envisagé dans le camp présidentiel, c'est un retour à la case départ qu'ont proposé les députés Les Républicains, imaginant un retrait du texte, suivi du dépôt d'un nouveau projet complété et dont le temps d'examen serait, cette fois, strictement encadré.
Dans un courrier adressé au Premier ministre et présenté à la presse, le président du parti, Christian Jacob, et le patron des députés LR, Damien Abad, s'opposent au recours au 49.3, ne le jugeant «pas à la hauteur d'une réforme de cette importance» malgré la regrettable «obstruction» de leurs adversaires de La France insoumise. La droite propose plutôt de suspendre la réforme jusqu'à la fin des travaux de la conférence de financement, qui doit proposer fin avril les moyens d'assurer l'équilibre du système de retraite.
A l'issue de ces travaux, poursuivent les deux hommes, l'exécutif pourrait «redéposer un nouveau projet de loi» tenant compte de ces conclusions, et examiné par le Parlement en «temps législatif programmé». Cette procédure permet de déterminer à l'avance une durée maximale pour l'examen d'un texte, dont 60% au minimum doit revenir aux groupes d'opposition. Pour y recourir, il faut que six semaines au moins se soient écoulées entre son dépôt et l'ouverture des débats : une condition que l'empressement de l'exécutif n'a pas permis de remplir, pour le projet actuellement débattu à l'Assemblée.