Menu
Libération
Immobilier

Logement : le patron de Nexity rappelle le gouvernement à son échec

En présentant les résultats en croissance du leader français de l'immobilier qu'il dirige, Alain Dinin a souligné l'absence de stratégie des pouvoirs publics.
Alain Dinin, président de Nexity, dans la cour intérieure d'un immeuble de 34 logements sociaux, rénové avec l'aide de la mairie de Paris. (Photo Gilles Bassignac. Divergence. )
publié le 26 février 2020 à 15h23

Pour savoir quoi penser de l'action gouvernementale en matière de logement, Alain Dinin, président du groupe immobilier Nexity, a de saines lectures. Dans le rapport de la Cour des comptes, explique-t-il, «tout est dit : une ligne essentiellement budgétaire et aucune stratégie d'ensemble». Venant du patron d'un groupe dont la taille a doublé en quatre ans, la critique est celle de quelqu'un qui sait de quoi il parle. «Le gouvernement est parti sur un slogan, "construire plus pour moins cher", et c'est exactement le contraire qui s'est produit. Que s'est-il passé ?»

Du côté de l'Etat, pas grand-chose, estime-t-il. L'offre de logements «n'a pas été dynamisée par une politique claire». Résultat sur la production : «Nous serons cette année à un niveau plus bas que 2017.» Le dirigeant rappelle au passage que même si la croissance est là et les taux d'intérêt au ras de la moquette, la marge, elle, a baissé (un peu). «Si les promoteurs se goinfraient sur la baisse des taux, ça se verrait dans nos marges. La solvabilité des ménages ne permet pas de monter les prix et notre objectif, c'est de les baisser. Il est d'ailleurs très intéressant de voir que les candidats aux élections municipales ne proposent rien sur le logement.»

Peut-être manquent-ils de compétence. Jean-Philippe Ruggieri, directeur délégué, a complété le propos du patron en taclant les collectivités : «Si on avait une approche programmatique dans les villes, on aurait du foncier. Mais si on ne prend que des mesures comme l'encadrement des loyers sans prendre de mesures d'urbanisme, on va à la catastrophe.»

Personnage plus engagé publiquement que la plupart de ses homologues, Dinin avait publié en 2018 «22 propositions législatives, fiscales et structurelles pour endiguer la crise du logement». Il constate aujourd'hui que presque «rien n'a été retenu, sauf l'abandon de la hausse de la TVA pour le logement très soclal». Il soupire : «On écrit mais ça ne sert à rien.»