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Libération
Une semaine à... (5/6)

A Belleville-en-Beaujolais, un fil vert pour étoffer le bilan du maire

Des vignes et des usines, une terre de droite où le centre se passe des marcheurs, du bleu Marine dilué, du rouge (à boire) et du vert (au programme)... La deuxième ville du Rhône à l'heure des municipales.
Elodie Perrichon, à Belleville-en-Beaujolais, le 20 février. (Romain ETIENNE/Photo Romain Etienne. Item pour Libération)
par Maïté Darnault, envoyée spéciale à Belleville-en-Beaujolais
publié le 27 février 2020 à 20h36

Elodie Perrichon «aime bien construire», mais sans béton. C'est le seul reproche qu'elle adresse aux mandatures de Bernard Fialaire, le maire centriste sortant de Belleville-en-Beaujolais : «C'est quelqu'un de très humain, qui a toujours été modéré et à l'écoute de tous, il a fait de son mieux pendant vingt-cinq ans», juge-t-elle. L'élu, médecin généraliste, conseiller départemental et président de la communauté de communes Saône-Beaujolais, s'est employé à relier le cœur ancien de Belleville au centre commercial périphérique et a fait édifier une médiathèque, juste à côté d'une station d'épuration dernier cri. Il est également parvenu à ancrer des employeurs pour enrayer la dépopulation de cette campagne située à une demi-heure de Lyon. «Il a toujours équilibré les budgets, les impôts n'ont jamais bougé», souligne Elodie Perrichon.

C'est aujourd'hui l'un des conseillers municipaux, Frédéric Pronchéry, délégué au développement durable et à l'environnement, qui est donné favori pour reprendre son fauteuil. L'homme promet d'étoffer ce bilan d'un fil vert et participatif devenu vital pour Elodie Perrichon. A 37 ans, la brune volubile figure d'ailleurs sur la liste de Pronchéry. La spécialité de cette mère solo de trois filles, c'est la mobilisation citoyenne. «Forcément plutôt un peu à gauche», elle ne veut pas se «coller d'étiquette» mais revendique l'urgence écologique.

En 2017, elle a créé l'association l'Effet papillon pour organiser des vide-greniers, des rencontres thématiques. La structure vient d'inaugurer une boutique gratuite dans le centre de Belleville. Un coup de peinture, une déco à base de récup et des brassées de vêtements donnés : sans condition de ressources, les habitants peuvent y piocher cinq articles chacun tous les quinze jours. Quand Macron a lancé l'idée du grand débat fin 2018, elle a notamment organisé un échange entre «gilets jaunes et gilets verts» : «Au début, tout le monde avait des a priori, puis ils se sont rendu compte qu'ils luttaient contre les mêmes multinationales.»

L'engagement de la militante s'arrête paradoxalement au pied de l'isoloir. Elle reconnaît en grimaçant qu'elle ne vote pas : «Pas besoin de donner ma voix pour ouvrir ma gueule.»