Elodie Perrichon «aime bien construire», mais sans béton. C'est le seul reproche qu'elle adresse aux mandatures de Bernard Fialaire, le maire centriste sortant de Belleville-en-Beaujolais : «C'est quelqu'un de très humain, qui a toujours été modéré et à l'écoute de tous, il a fait de son mieux pendant vingt-cinq ans», juge-t-elle. L'élu, médecin généraliste, conseiller départemental et président de la communauté de communes Saône-Beaujolais, s'est employé à relier le cœur ancien de Belleville au centre commercial périphérique et a fait édifier une médiathèque, juste à côté d'une station d'épuration dernier cri. Il est également parvenu à ancrer des employeurs pour enrayer la dépopulation de cette campagne située à une demi-heure de Lyon. «Il a toujours équilibré les budgets, les impôts n'ont jamais bougé», souligne Elodie Perrichon.
C'est aujourd'hui l'un des conseillers municipaux, Frédéric Pronchéry, délégué au développement durable et à l'environnement, qui est donné favori pour reprendre son fauteuil. L'homme promet d'étoffer ce bilan d'un fil vert et participatif devenu vital pour Elodie Perrichon. A 37 ans, la brune volubile figure d'ailleurs sur la liste de Pronchéry. La spécialité de cette mère solo de trois filles, c'est la mobilisation citoyenne. «Forcément plutôt un peu à gauche», elle ne veut pas se «coller d'étiquette» mais revendique l'urgence écologique.
En 2017, elle a créé l'association l'Effet papillon pour organiser des vide-greniers, des rencontres thématiques. La structure vient d'inaugurer une boutique gratuite dans le centre de Belleville. Un coup de peinture, une déco à base de récup et des brassées de vêtements donnés : sans condition de ressources, les habitants peuvent y piocher cinq articles chacun tous les quinze jours. Quand Macron a lancé l'idée du grand débat fin 2018, elle a notamment organisé un échange entre «gilets jaunes et gilets verts» : «Au début, tout le monde avait des a priori, puis ils se sont rendu compte qu'ils luttaient contre les mêmes multinationales.»
L'engagement de la militante s'arrête paradoxalement au pied de l'isoloir. Elle reconnaît en grimaçant qu'elle ne vote pas : «Pas besoin de donner ma voix pour ouvrir ma gueule.»