Le 25 février 1954, un jeune homme blond aux cheveux ébouriffés entre, revolver à la main, dans une agence de change de la rue Vivienne, à Paris. Faute d'argent, il a échafaudé un plan pour «se sortir de là», échapper à une vie qu'il juge trop étriquée. Il n'éprouve qu'un piètre engouement pour la paternité, paresse en écoutant des disques de jazz et ne rêve que d'une chose, construire un voilier qui l'emmènera vers les mêmes horizons que son héros, le navigateur Alain Gerbault. Le voici donc en train de frapper le patron de l'agence et filer avec un sac rempli de lingots et de pièces d'or. Dans sa course effrénée vers une autre vie, il est stoppé net : «Haut les mains !» Il tire. Sans viser, sans même sortir le revolver de la poche de son imperméable. Au bout de la rue, l'uniforme de l'agent André Vergne se tache de sang : la balle a touché le cœur, il meurt sur le coup.
Pour le fils de banquier devenu braqueur raté, fini la mer et Tahiti, ce sera la cour d'assises. Le couperet de la guillotine tombe le 1er octobre 1957. Ainsi s'achève la courte existence de Jacques Fesch, 27 ans.
Pardon social
Soixante-six ans plus tard, quasiment jour pour jour, un homme attend fébrilement une décision de justice. Gérard Fesch, 65 ans, a demandé la réhabilitation d'un père qu'il n'a jamais connu et qui restera pour l'éternité plus jeune que lui. Une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) a cheminé jusqu'au Conseil constitutionnel : peut-on réhabiliter un condamné à