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Justice

Affaire Jacques Fesch : au nom du père, du fils et de la réhabilitation

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Condamné pour meurtre, Jacques Fesch se convertit et devient prisonnier modèle avant d’être guillotiné en 1957. Quarante ans plus tard, son fils, abandonné à la naissance, découvre son lien de parenté. Il œuvre depuis pour rétablir l’honneur de ce père «qui ne peut être réduit à son crime». Le Conseil constitutionnel a demandé vendredi au législateur de changer la loi pour le permettre.
Jacques Fesch a été condamné à mort en 1954 pour meurtre après un braquage raté. (Photo Rue des Archives. AGIP)
publié le 28 février 2020 à 20h01

Le 25 février 1954, un jeune homme blond aux cheveux ébouriffés entre, revolver à la main, dans une agence de change de la rue Vivienne, à Paris. Faute d'argent, il a échafaudé un plan pour «se sortir de là», échapper à une vie qu'il juge trop étriquée. Il n'éprouve qu'un piètre engouement pour la paternité, paresse en écoutant des disques de jazz et ne rêve que d'une chose, construire un voilier qui l'emmènera vers les mêmes horizons que son héros, le navigateur Alain Gerbault. Le voici donc en train de frapper le patron de l'agence et filer avec un sac rempli de lingots et de pièces d'or. Dans sa course effrénée vers une autre vie, il est stoppé net : «Haut les mains !» Il tire. Sans viser, sans même sortir le revolver de la poche de son imperméable. Au bout de la rue, l'uniforme de l'agent André Vergne se tache de sang : la balle a touché le cœur, il meurt sur le coup.

Pour le fils de banquier devenu braqueur raté, fini la mer et Tahiti, ce sera la cour d'assises. Le couperet de la guillotine tombe le 1er octobre 1957. Ainsi s'achève la courte existence de Jacques Fesch, 27 ans.

Pardon social

Soixante-six ans plus tard, quasiment jour pour jour, un homme attend fébrilement une décision de justice. Gérard Fesch, 65 ans, a demandé la réhabilitation d'un père qu'il n'a jamais connu et qui restera pour l'éternité plus jeune que lui. Une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) a cheminé jusqu'au Conseil constitutionnel : peut-on réhabiliter un condamné à