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portrait

Sue Nabi, double dame

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L’ancien haut dirigeant de L’Oréal et de Lancôme est devenu une femme et lance sa marque de cosmétiques végans.
Sue Nabi, le 7 février. (Photo Marie Rouge pour Libération)
par Marie Ottavi et Marie Rouge, photographe
publié le 28 février 2020 à 18h11

Un jour sans nuage de l'an 2013, Sue Nabi joue au tennis avec Nicolas Vu, ami et futur associé. Elle lui parle du poste que veut lui confier le groupe L'Oréal. Elle dirige alors Lancôme qu'elle a replacé en tête des marques haut de gamme de cosmétiques, mais la superpromotion qui l'attend l'angoisse. Elle ne se voit pas continuer. Son partenaire de tennis, qu'elle décrit comme son «coach de vie», lui lance sans y croire : «Pars si tu n'es pas heureuse.» Vingt-quatre heures plus tard, elle envoie sa lettre de démission. Adieu bonus, égéries stars, contrats mirifiques et milliards de chiffre d'affaires, Sue Nabi quitte «son» groupe après vingt ans de bons et loyaux services, passés notamment à la tête de L'Oréal et de Lancôme.

Jusqu’ici, dame Nabi n’avait jamais vraiment exposé son parcours. Du temps de L’Oréal, on l’appelait Youcef, on s’adressait à elle au masculin alors qu’elle avait déjà tous les atours de la femme qu’elle est devenue. Difficile d’imaginer les réunions entre cols blancs avec, au centre, l’ovni qu’elle était.

Sept ans plus tard, on retrouve Sue Nabi, 52 ans, à Paris devant une omelette. Elle est grande (elle frôle le 1,90 m), apprêtée sans ostentation, calme et intarissable sur son nouveau «bébé» : Orveda, marque de cosmétiques végans. Issue d'un milieu favorisé, elle a grandi à Alger, qu'elle aurait pu ne jamais quitter. Son «paradis perdu» avait des airs ensoleillés de monde idéal, où elle gravitait dans une famille unie.