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Une semaine à Belleville-en-Beaujolais : «La politique, c’est ce qu’on fait là, ce soir»

par Maïté Darnault, Envoyée spéciale à Belleville-en-Beaujolais (Rhône)
publié le 28 février 2020 à 20h01
(mis à jour le 28 février 2020 à 21h41)

Elles et ils sont retraité(e)s, infirmière, artisan, assistante d’éducation, notaire, assureur, secrétaire, opticien, pharmacienne, cadre en ressources humaines… La plus jeune a 23 ans et il y a une poignée d’adjoints au maire sortants. Ce jeudi 20 février, les 37 membres de la liste de Frédéric Pronchéry se tiennent debout, alignés face aux rangs de chaises de la salle communale de Belleville-en-Beaujolais. Une petite centaine d’habitants leur font face, essentiellement des têtes blanches. Frédéric Pronchéry n’est pas un inconnu dans cette ville de 13 000 habitants : conseiller municipal délégué au développement durable et à l’environnement, il est entré en politique en même temps que le maire centriste Bernard Fialaire, qui passe la main au terme d’un quatrième mandat.

La liste de Pronchéry a été faite «avec beaucoup de sang frais» pour être «très représentative de notre société», vante l'aspirant maire, 53 ans, ancien viticulteur aujourd'hui chef d'entreprise : «On est sans étiquette, pas parce que c'est la mode avec Macron, mais parce qu'il y a des gens bien partout.» Cet œcuménisme a une limite : «Les extrêmes.» «S'il y a des contradictions, tant mieux, mais il faut surtout pouvoir beaucoup discuter», précise-t-il. Dans le Beaujolais, le vote frontiste bat des records aux élections nationales mais n'est jamais parvenu à s'imposer lors d'échéances locales.

C'est en composant des groupes de travail thématiques que la liste de Pronchéry, donnée favorite, a bâti son programme. Le candidat avertit : «Plus un scientifique ne dit pas que nous sommes engagés dans un bouleversement climatique, on va vers des jours pas très optimistes, ça va avoir des répercussions énormes pour nos enfants et nos petits-enfants.» L'assistance opine. Alors que la communauté de communes Saône Beaujolais s'est engagée sur l'objectif «territoire à énergie positive» à l'horizon 2050, Frédéric Pronchéry vise 2040 pour Belleville. «Un développement harmonieux en matière d'urbanisation, poursuit-il, ça veut aussi dire qu'il faudra bien qu'on laisse un jour un peu nos voitures.»

Dans le Rhône, la gare de Belleville est celle qui connaît depuis dix ans la plus forte progression pour ce qui est de la fréquentation. Mais ce n'est pas le maire qui en a les clés, rappelle Pronchéry, appelant les administrés à «ne pas hésiter à mettre la pression» aux «vrais décideurs», l'Etat et à la région en l'occurrence. Et d'annoncer la création d'un comité consultatif d'habitants. «Ce que le citoyen n'aime plus, ce sont les partis politiques. Mais la politique, c'est ce qu'on fait là, ce soir.» Applaudissements. «Et comme ça se finit toujours bien dans le Beaujolais, on boit un verre ?»