Une réforme pensée par des sociaux-démocrates. Mise en œuvre par des technos et des politiques de droite. Pour quel résultat ? Un fiasco politique qui se termine, provisoirement, par la décision prise samedi par le Premier ministre de dégainer le 49.3. La mutation radicale de dizaines de régimes de retraite vers un système universel par points aurait pu (dû ?) être l'incarnation du «en même temps» macronien. Soit un système plus redistributif avec des garanties pour les retraités les plus modestes d'une part, des incitations à «travailler plus longtemps» et la promesse (tant réclamée par le camp libéral et conservateur) d'en finir avec les régimes spéciaux de l'autre. Ce texte, présenté par les piliers de la majorité comme la «mère de toutes les batailles» de la macronie, devait signer la nouvelle méthode de l'exécutif, l'apogée de son «acte II» autoproclamé au sortir de la crise des gilets jaunes. Avec l'utilisation du 49.3, il sera difficile de convaincre que l'heure est désormais à l'écoute. Même si la majorité aura beau jeu de rappeler les cent quinze heures de débat dans l'hémicycle qui s'affichent déjà au compteur.
Ce projet de loi, s'il ne s'embourbe pas au Sénat en mai et s'il est ensuite validé par le Conseil constitutionnel avant l'été, a déjà perdu la majeure partie de sa crédibilité