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Libération
Une semaine dans des villes RN (2/6)

A Mantes-la-Ville, ego à gogo

publié le 2 mars 2020 à 20h36

Interrogez un cadre du RN sur les objectifs du parti pour les municipales, et il vous répondra toujours la même chose : dans les villes gagnées en 2014,

«a priori, on est partout en situation de repasser… sauf à Mantes-la-Ville».

Pas que le bilan du maire soit mauvais : il est juste vide. Cyril Nauth a voulu faire de la commune des Yvelines une maison témoin de la gestion RN : surtout aucun dérapage (xénophobe), pas de vague (Bleu Marine). Et donc pendant six ans, il n’a rien fait, mais il n’a pas augmenté les impôts. Voilà pour son bilan.

En fait, la seule ville d'Ile-de-France aux mains de l'extrême droite a été remportée à l'époque par accident. Dans une quadrangulaire où la gauche n'a pas réussi à s'entendre, le candidat (alors FN) a gagné de 60 voix à la louche devant la PS Monique Brochot. Les habitants parlent de «traumatisme», avec un certain ressentiment contre elle et l'autre «coupable» de gauche, Annette Peulvast-Bergeal.

Cette dernière, ex-députée PS et ancienne maire de la commune, est célèbre pour avoir participé à une visite houleuse de Jean-Marie Le Pen dans la ville voisine de Mantes-la-Jolie en 1997. Il était venu soutenir la candidature de sa fille Marie-Caroline aux législatives. La scène avait marqué les esprits : en pleine bastonnade avec un comité d'accueil anti-FN, Le Pen père plaque Peulvast contre un mur et lui hurle au visage : «On en a marre !»

Pour 2020, l'opposition devait se mettre d'accord pour tenter l'union sacrée face à Nauth, histoire d'empêcher sa réélection, en vain. La faute à tout le monde. «Le jour où on a commencé les discussions, Peulvast est partie avec un autre», dit un membre de la liste «Printemps de Mantes-la-Ville», menée par Amitis Messdaghi, écolo et ostéo, sur laquelle s'est greffée Brochot. La pointée du doigt répond que «nous partons divisés au premier tour mais unis au second». Elle s'est postée derrière Sami Damergi, l'ancien président du club de foot, soutenu par La République en marche. Il faudrait croire que tout ce beau monde va s'entendre à la fin s'il n'est pas en position de gagner, «pour ne prendre aucun risque»… Mais qui sait ? En fait, l'histoire est assez simple. Le candidat divers droite Eric Visintainer la résume bien : Mantes-la-Ville, «c'est un problème d'ego».

Mercredi : Villers-Cotterêts.