Elles avaient déjà tenté de convaincre en présentant leur premier pacte du «pouvoir de vivre», en pleine crise des gilets jaunes. En mars dernier, 19 organisations entendaient porter 66 propositions afin de «répondre à l'urgence sociale et écologique de notre pays». Las, leurs recommandations n'avaient pas eu l'accueil attendu, notamment dans les rangs de l'exécutif. Et notamment lors du discours de politique générale du Premier ministre du 12 juin qui avait déçu bon nombre de cosignataires de ce «Pacte», ne le jugeant «pas à la hauteur des enjeux». Près d'un an plus tard, le collectif compte désormais 55 membres qui entendent «peser sur le cours des choses» avec de nouvelles propositions qu'elles présentent ce jeudi, à Paris. Parmi eux, des syndicats, et notamment la CFDT, l'Unsa et la CFTC, et des organisations, fondations ou mutuelles, telles qu'Emmaüs France, la Cimade, ou encore France nature environnement ainsi que la Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l'homme. Et un objectif intact : promouvoir une «convergence des enjeux écologiques, sociaux et démocratiques pour qu'elle devienne le cœur de chaque décision publique». Mais la cible, elle, a changé, puisqu'il ne s'agit plus de convaincre les concepteurs des politiques nationales, mais locales. Après un an de «tour de France», le collectif veut donc «faire des élections municipales à venir une étape décisive du changement qui s'impose».
Le constat de départ est amer. «Notre pays connaît une situation de crise aux multiples visages», à la fois sociale, écologique et démocratique, écrivent les cosignataires, qui égratignent au passage «les choix politiques qui ne répondent pas aux profondes difficultés vécues par une part croissante de citoyen.ne.s». Face à ces difficultés, reconnaissent-ils, «les maires ne peuvent pas tout». Mais «une grande partie des solutions à la crise sociale, écologique et démocratique se trouve à l'échelle locale».
«To-do list»
Aux futurs édiles, le «Pacte» veut donc adresser, en amont des élections municipales, dix mesures «indispensables». La première : «Développer les alternatives actives et collectives pour diminuer drastiquement les trajets en voiture individuelle.» Une proposition en forte résonance avec le mouvement des gilets jaunes qui avait fait du prix des carburants et des enjeux climatiques deux sujets centraux. Et pour cause, précise le «Pacte» : «Les Français dépendent de la voiture […] Dans les communes isolées, 77% des gens n'ont pas accès à pied aux transports en commun [et] 30% de l'empreinte carbone des individus est due à la voiture individuelle.» Pour répondre à ces enjeux, les cosignataires invitent donc, modestement, les maires à développer des «plans vélo», le covoiturage ou encore les transports à la demande… Deuxième mesure, dans la «to-do list» des maires : la réduction de l'utilisation des pesticides. Pour cela, il leur est conseillé de mettre en place un «plan agricole communal ou territorial» fixant un objectif de «diviser par deux l'usage des pesticides en 2025». Un cadre qui permet, certes, de mobiliser des fonds publics et privés pour divers projets, mais sans véritable caractère contraignant. En revanche, le Pacte n'évoque pas les arrêtés municipaux anti-pesticides pris par certains édiles.
«Zéro sans-abri dans nos communes»
Pêle-mêle, leur document propose aussi de développer les «cantines bio, locales et socialement responsables» ou encore de «lutter activement contre la précarité énergétique des personnes modestes et mettre en place un plan de rénovation thermique des bâtiments publics» et de «lutter contre l'artificialisation des sols en posant un moratoire sur toute ouverture ou extension de grandes surfaces commerciales ou logistiques dès 2020».
Les enjeux d'accès à la santé sont aussi au programme, avec la mise en place de «centres de santé municipaux, associatifs ou mutualistes». Tout comme ceux de l'accueil des personnes migrantes et réfugiées et du logement. Sur ce dernier point, le «Pacte» reprend une promesse formulée par le candidat à l'élection présidentielle Emmanuel Macron, loin d'être tenue : «Zéro sans-abri dans nos communes.» Les cosignataires proposent de développer des plans «Logement d'abord» afin de «proposer directement et sans conditions un vrai logement pérenne et de droit commun aux personnes à la rue». Sur tous ces chantiers, défi est donc lancé aux maires et conseillères et conseillers municipaux. A eux de faire mieux que le gouvernement.