Moins de douze heures après le déraillement du TGV Strasbourg-Paris, ce jeudi, pas moins de trois enquêtes ont été lancées. Objectif, déterminer les causes de cet accident qui a fait 21 blessés dont trois plus sérieusement touchés : le conducteur du train, polytraumatisé, le contrôleur et un passager.
Le procureur de Strasbourg a ouvert une enquête pour «blessures involontaires» qui a été confiée à la gendarmerie. L'autorité judiciaire va d'ailleurs prendre le pas sur les autres investigations : celle lancée par le bureau «enquête accident» du ministère des Transports et celle diligentée par le service d'inspection interne de la SNCF. Il faudra en effet, l'accord préalable du parquet, pour que la SNCF dépêche, sur le site, les grues géantes qui vont remettre la rame de TGV endommagée sur les rails. Elle sera ensuite remorquée. De fait, cette portion de ligne à grande vitesse devrait rester indisponible encore plusieurs jours. Les voyageurs de l'axe Strasbourg-Paris doivent donc se préparer à effectuer quarante-cinq minutes de transport supplémentaires. La liaison sera, pour l'instant, assurée sur une ligne à vitesse classique.
Glissement de terrain
Comme les avions, les motrices de TGV sont équipées d’une boîte noire chargée d’enregistrer tous les paramètres durant la circulation. Un élément essentiel pour comprendre les causes du déraillement. Il semblerait que ce soit au Bureau d’enquête sur les accidents des transports (BEAT) qui dépend du ministère de récupérer cet enregistreur. Néanmoins quelques frictions avec les gendarmes chargés de l’enquête judiciaire ne sont pas à exclure. Eux aussi voudront en effet avoir connaissance du contenu de cette boîte noire.
Pour l’heure, la piste la plus évoquée est celle du glissement de terrain à proximité de la voie. Un mouvement du sol favorisé par les pluies récentes et abondantes. Un événement, par nature, difficile prévisible. Le «TGV balai» qui chaque matin ouvre la ligne, sans passagers, afin de repérer d’éventuels dysfonctionnements n’a rien décelé. Avant que la rame ne déraille, quatre autres convois ont emprunté ces mêmes voies ferrées sans dommage.
Dommages et intérêts
Pour l’heure, les organisations syndicales n’ont pas encore réagi. Elles réservent leurs commentaires pour les premières conclusions de l’enquête, mais n’excluent pas de poser la question de la surveillance et de l’entretien du réseau ferré et de l’état des terrains avoisinants. Enfin, la SNCF, depuis la réforme ferroviaire de 2018 a totalement séparé l’activité voyage de celle de la gestion du réseau. Deux entités différentes gèrent chacune des activités. Il n’est donc pas totalement impossible qu’à l’avenir, SNCF voyage qui exploite le TGV, demande des comptes et des dommages et intérêts à SNCF réseau qui détient et gère le réseau de voies ferrées en France.