Devant les grilles de la boutique Louis Vuitton siégeant place Vendôme (Ier arrondissement de Paris), on sort à la hâte un cercueil du coffre d'un chauffeur Uber. Symbole de la mort de la justice pour la trentaine d'avocats grévistes venus rappeler ce matin leur opposition à la réforme des retraites. Les visages sont fermés, certains bardés d'un voile noir ou d'une paire de lunettes sombres. La destination finale de cette procession : le parvis du ministère de la Justice. Tous arborent des fleurs blanches et marchent au pas, alignés derrière le cercueil fait de carton et de tulle sombre. Pour Magali Guadalupe Miranda, avocate au barreau de Nanterre (Hauts-de-Seine), cette réunion est «le symbole de l'enterrement de quelqu'un qui nous est cher, la justice. Elle nous a quittés après une longue agonie et comme c'est souvent le cas, elle connaissait bien son assassin : le gouvernement». Pour la jeune avocate, mobilisée depuis le début de la grève, l'exécutif, censé protéger l'institution, «lui a infligé un coup fatal avec le 49.3».
«Ils ont raison de manifester»
La procession débute sous le regard intrigué des passants et des travailleurs. «Toutes mes condoléances», lâche, amusé, un jeune homme avant de s'engouffrer dans le ministère, dont les portes ont été soigneusement fermées. Après quelques minutes de marche, la colonne se fige sous les fenêtres de la Chancellerie avant de se disposer en arc de cercle autour de la tombe factice. Touristes et badauds dégainent leur sma