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Municipales

Rennes : sur le métro, les candidats se bousculent aux portillons

Prévu pour cet été, le blocage de l’accès aux quais est devenu un sujet de campagne clivant, surtout au sein de la majorité sortante.
A Rennes, le 10 janvier 2008. (Photo Thierry Pasquet.Signatures pour Libération)
publié le 9 mars 2020 à 19h26

On l’avait presque oublié. Fournisseur officiel de clivages depuis des années à Rennes, un sujet est venu s’immiscer ces jours-ci dans la campagne municipale : l’installation de portillons contrôlant hermétiquement les accès aux stations de la ligne A du métro. Jusqu’à présent, l’accès à cette ligne se fait par de simples bornes où composter son ticket.

Voté en 2015 par la majorité socialiste de Rennes Métropole mais aussi la droite et le centre, l'ajout de portillons destinés à lutter contre la fraude était resté au fond des tiroirs au fil de l'hiver, mais l'échéance de «l'été 2020» pour sa mise en application est venue réveiller un sérieux point de friction entre les écologistes et leurs alliés socialistes, à commencer par Nathalie Appéré, la maire sortante qui a voté cette mesure avec la majorité métropolitaine.

«Aberration»

«L'accessibilité restreinte du métro est contradictoire avec une ville ouverte et conviviale, déplorent les Verts, qui présentent une liste autonome face à Appéré. Les portillons entraveront la circulation des personnes à mobilité réduite, des parents avec poussettes et enfants en bas âge, des voyageurs avec bagages, des habitants avec chariots de courses. En définitive, de tous les usagers.» Selon les écolos, le coût de telles installations - 7,5 millions d'euros - aurait été plus judicieusement employé pour l'amélioration de l'ensemble du réseau de transports en commun.

Enora Le Pape, tête de liste de Rennes en commun, la liste «citoyenne» initiée par les insoumis locaux, a fait de la gratuité des transports son cheval de bataille et se déclare tout autant opposée à la mesure. «Alors qu'on devrait inciter à prendre les transports en commun, on les ferme. C'est une aberration», fustige la candidate.

A l'opposé, le candidat de centre droit, Charles Compagnon, dénonce des postures «idéologiques et dogmatiques», alors que beaucoup de gens ont les «moyens de payer leur billet» et que les portillons sont selon lui la règle dans la quasi-totalité des villes françaises et européennes. «Les stations ouvertes sont juste une incitation à la fraude», fulmine Compagnon, qui se demande pourquoi ces fameux portillons, qui ont déjà été livrés et sont prêts à être installés, ne sont toujours pas en service.

Cartes 

A la métropole, on justifie le calendrier - les portillons devront avoir l'aval de la future majorité pour être effectifs - et les installations par un taux de resquille de 10 %. Soit un manque à gagner d'environ 3 millions d'euros par an. «Le taux de fraude dur avoisine plutôt les 7 %», corrige Sylviane Rault, adjointe écologiste à la mobilité et conseillère communautaire. Les 10 % résulteraient d'une addition entre les resquilleurs et les titulaires d'un abonnement n'ayant pas validé leur voyage.Si les portillons sont entérinés après le 22 mars, ils équiperont aussi la seconde ligne de métro, prévue pour la fin de l'année, et seront accompagnés d'un nouveau système de billetterie, avec des cartes rechargeables. Plus possible alors de refiler son titre de transport à un autre voyageur quand l'heure impartie n'est pas écoulée.