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Coronavirus

Le CHU de Montpellier déclenche le niveau 1 de son «plan blanc»

Au centre hospitalier de la capitale de l'Hérault, les urgences respiratoires sont désormais traitées séparément, et le service des maladies infectieuses a été rapproché de la réanimation médicale pour faciliter la prise en charge.
L'entrée de l'aile dédiée aux maladies infectieuses et tropicales du CHU de Montpellier, en 2006. (DOMINIQUE FAGET/Photo Dominique Faget. AFP)
par Sarah Finger, correspondante à Montpellier
publié le 12 mars 2020 à 19h54

Tombée mercredi soir, la nouvelle a figé les habitants de toute l’agglomération : les écoles, crèches, établissements scolaires et de loisirs situés dans seize communes de l’est de Montpellier ont dû fermer le soir même, et ce jusqu’au 24 mars. Cette décision annoncée par le préfet de l’Hérault et prise en concertation avec l’ARS (Agence régionale de santé) fait suite à plusieurs cas de coronavirus détectés au Crès et confirmés la veille. Dans cette commune située près de Montpellier, toutes les structures accueillant des enfants avaient déjà été fermées.

Selon les chiffres fournis le 11 mars par l'ARS, l'Hérault recense désormais 59 personnes atteintes par le coronavirus. Au CHU de Montpellier, la cellule de crise Covid-19 a déclenché la préparation du niveau 1 de son «plan blanc». Désormais, les urgences respiratoires sont traitées séparément afin d'éviter que les personnes potentiellement contaminées ne soient en contact avec d'autres patients. «Un poste médical avancé a été installé devant l'accueil des urgences», raconte Julie Beghin, présidente du syndicat des internes du Languedoc-Roussillon, elle-même interne au CHU de Montpellier. «Ce poste médical vise à isoler le plus rapidement possible les personnes qui pourraient être porteuses du virus.» La capacité du département dédié aux maladies infectieuses et tropicales a dû être revue à la hausse : l'ensemble du service a été déménagé et relocalisé à proximité de la réanimation médicale, afin de faciliter une prise en charge plus efficace.

«Des questions, pas trop d’inquiétude»

Ce dispositif sera-t-il suffisant pour faire face à l'afflux de patients qui s'annonce ? Luc Maurel, secrétaire FO du CHU et membre de CHSCT (Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail), répond par d'autres questions : «Comment savoir aujourd'hui si on est bien préparés ? Certes, on est prêts, mais jusqu'à quel niveau d'alerte ?»

Selon Luc Maurel, une cinquantaine de personnes atteintes par le Covid-19 seraient actuellement hospitalisées au CHU de Montpellier, soit en réanimation, soit dans le service des maladies infectieuses et tropicales. Deux personnes appartenant au personnel soignant auraient également été détectées positives au virus et seraient placées «en quarantaine». «Pour l'heure, dit-il, dans les services qui ne sont pas directement touchés par cette épidémie, il y a des questions, pas trop d'inquiétude. L'ambiance est plus tendue dans les services concernés.»

«L'ambiance est tendue, oui, mais il n'y a pas de panique», confirme Julie Beghin, qui précise que jusqu'ici, les masques de protection n'ont pas fait défaut au personnel soignant. «On s'organise au mieux avec les différents services pour répondre à une éventuelle propagation du virus sur la ville, mais on n'a de visibilité ni sur son impact ni sur sa durée, poursuit l'interne. Ce qui nous inquiète aussi, c'est la charge de travail qui nous attend.» Les internes comme les médecins se coordonnent en effet pour pouvoir assurer suffisamment de gardes, en particulier dans les services d'urgence. «On évalue régulièrement les besoins avec la direction, explique Julie Beghin. Le problème, c'est qu'on ignore encore comment vont réagir les gens : si tout le monde se présente aux urgences de l'hôpital au moindre symptôme, ça va être compliqué à gérer.»

Opérations non urgentes déprogrammées

Le CHU de Montpellier a mis en place un dispositif permettant d’éviter les hospitalisations de personnes porteuses du virus mais dont l’état ne nécessite pas un accueil en milieu médicalisé. Basé sur une application baptisée MHLink, il permet de gérer le suivi des patients à domicile : ceux-ci remplissent quotidiennement un questionnaire permettant aux médecins de mesurer l’évolution de leur état de santé. De leur côté, les patients peuvent poser des questions aux médecins via une messagerie sécurisée.

En Occitanie, le nombre de patients atteints par le coronavirus s'élevait, selon les chiffres publiés mercredi par l'ARS, à 118. Parmi eux, 8 étaient en réanimation. Dans l'Hérault, le CHU de Montpellier n'est pas le seul à accueillir des patients touchés par le Covid-19. A Béziers, une demi-douzaine de personnes sont hospitalisées dans un service entièrement dédié au virus. «Deux autres personnes qui se sont présentées ce jeudi aux urgences sont actuellement testées», précise Frédéric Azais, agent au service de radiologie et secrétaire adjoint du syndicat FO. A Béziers comme à Montpellier, toutes les opérations non urgentes doivent être déprogrammées.