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Justice

Affaire Karachi : Balladur finira bien par être jugé

Karachi, une affaire d’Etatdossier
La Cour de cassation a rejeté ce vendredi l’ultime pourvoi de l’ancien Premier ministre.
Edouard Balladur en campagne à Loudéac (Côtes-d'Armor), le 28 mars 1995. (Photo Charles Platiau. Reuters)
publié le 13 mars 2020 à 19h38

Edouard Balladur, 90 ans, finira donc par être jugé devant la Cour de justice de la République (CJR) dans l’antique affaire Karachi. L’ex-Premier ministre aura tout fait pour retarder l’échéance pénale, mais la Cour de cassation a décidé ce vendredi d’en finir avec ces simagrées procédurales, rejetant son ultime pourvoi avant jugement sur la place publique.

Pour mémoire, il s'agit à l'origine de l'attentat visant en 2002 des employés de la DCN, en charge de fournir deux sous-marins nucléaires au Pakistan. A ce volet terroriste, s'est très vite adjointe une procédure pénale sur les dessous du commerce de l'armement, en Asie comme dans la péninsule arabique, avec des soupçons plus ou moins fondés sur le financement de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur, en 1995. Ce financement fut en son temps validé par le Conseil constitutionnel, avant que la justice pénale n'y mette son grain de sel – tout parallèle avec le financement de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, également adoubé en son temps par l'instance suprême avant d'être remis en cause bien des années plus tard par le Parquet national financier (PNF) serait abusif… Bref, la Cour de cassation, constituée de magistrats professionnels, à la différence du Conseil constitutionnel, truffé d'anciens responsables politiques, vient de siffler la fin de la récréation. Sur la forme : «A l'époque des faits, le Conseil constitutionnel n'avait ni la mission ni les moyens d'ordonner des investigations.» Comme sur le fond : «Le fait de faire figurer certaines sommes dans les recettes de campagne du candidat n'excluait pas la dissimulation de leur origine.»

Tout est désormais en place pour un grand moment d’archéologie judiciaire. Ne reste plus qu’à en fixer enfin la date. Via cet ultime scud délivré au passage par les hauts magistrats aux politiques : «Peu importe que certaines autorités qui auraient dû dénoncer les faits en application du code de procédure pénale ne l’aient pas fait» en leur temps.