C'est le dernier, le plus reculé et le moins peuplé, des douze départements de la région Auvergne-Rhône-Alpes à basculer : le Cantal. Ce vendredi, l'Agence régionale de Santé (ARS) a annoncé un premiers cas de Covid-19 chez un patient d'une cinquantaine d'années hospitalisé à Aurillac. Partout, l'épidémie grignote inexorablement du terrain. L'ARS a confirmé depuis mercredi six cas en Haute-Loire et dans l'Allier, auparavant épargnés. Parmi ces nouveaux malades, deux sont des enfants de retour d'une colonie de vacances, a précisé l'ARS. Le bilan total s'établissait jeudi, dans la région, à 333 cas connus, huit personnes guéries et sept décédées, pour 8 millions d'habitants, entraînant le déclenchement du «plan blanc».
«On s’organise urgence par urgence»
Quinze établissements de santé ont été habilités pour la prise en charge des patients potentiellement contaminés. Pour l'heure, deux d'entre eux concentrent leur accueil : le centre hospitalier d'Annecy-Genevois, en Haute-Savoie, proche du «cluster» du village de La-Balme-de-Sillingy, et le service d'infectiologie du centre hospitalier de la Croix-Rousse des Hospices civils de Lyon (HCL), dans le Rhône, où l'épidémie s'est déclarée tôt et comptait jeudi 87 malades. Le même jour, un point presse a été donné par le chef du Samu/Smur 69, afin de rappeler les «bonnes pratiques» et tenter de désengorger le standard du centre d'urgence qui croule sous les appels. Pour le reste, «on ne répond pas aux journalistes, on est en plein dedans, on s'organise urgence par urgence», explique le service communication des HCL.
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En Haute-Savoie, où étaient recensés jeudi 83 patients atteints, un protocole de suivi à domicile a été mis en place pour une quinzaine de cas – les moins inquiétants – par des médecins de ville en lien avec l'hôpital d'Annecy. Dans cet établissement, le service dédié au traitement du Covid-19 aurait atteint dès la fin de semaine dernière sa capacité complète, obligeant le transport des malades dans le département voisin. C'est le centre hospitalier Métropole-Savoie, à Chambéry, qui les récupère pour le moment : «Avec 6 cas, en Savoie à ce jour et une prise en charge bien organisée et compartimentée des patients, nous ne sommes pas pour l'instant en difficulté et le reste de l'hôpital fonctionne normalement, explique Florent Chambaz, directeur général du CH Métropole-Savoie. Mais nous restons très vigilants, la situation évoluant en permanence. Nous travaillons déjà au passage au stade suivant.»
«C’est encore très flou»
Elisabeth (1), une infirmière libérale qui exerce à Annecy, le dit autrement : «Dans les semaines à venir, ça va flamber.» Elle reconnaît qu'«au début, entre infirmières, on se disait : "Oh, ça va." Mais la vitesse de propagation est hallucinante. On a changé nos méthodes de travail, depuis une semaine, je bosse systématiquement avec un masque.» Histoire de dire, car le cabinet d'Elisabeth, qui regroupe quatre soignantes, ne possède qu'une boîte de masques chirurgicaux mais aucun FPP2 : «Bientôt, on va sans doute être amenées à faire des tests de dépistage à domicile, mais on a aucun matos, alors qu'il faut des combinaisons spéciales. C'est encore très flou, même les médecins généralistes, qui seront aussi mobilisés, ne savent pas qui va fournir le matériel.»
(1) Prénom modifié