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Libération
Reportage

Voyage dans la France du coronavirus

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Ne pas se serrer la main, ne pas s’embrasser, ne pas se toucher le visage, tousser dans son coude, se récurer les doigts… Partout dans le pays, chacun est soumis aux mêmes règles et la vie se met lentement en pause, en particulier dans les gros foyers de contamination.
A Crépy-en-Valois, le 2 mars. (Denis ALLARD/Photo Denis Allard pour Libération)
par Charles Delouche-Bertolasi, Maïté Darnault, correspondante à Lyon, Pierre-Henri Allain, correspondant à Rennes, François Carrel, correspondant à Grenoble, Stéphanie Maurice, correspondante à Lille, Mathilde Frénois, correspondante à Nice et Emmanuèle Lavinas, à Lamorlaye
publié le 13 mars 2020 à 10h59

Là, c'est une maîtresse de CP d'Antibes, qui raconte, désolée : «Des parents n'ont pas mis leurs gamins à l'école. Ils ont fait de faux certificats médicaux parce qu'ils stressent. Une mère a même décidé de faire l'école à la maison à ses enfants. L'un des petits est revenu quelques jours après et il a dit : "Maman a dit que c'était trop dur de faire l'école !" Sur 25 enfants, j'en ai deux qui ne viennent plus. Soi-disant ils ont la gastro.» L'enseignante le sait bien, les parents ont eu peur du coronavirus. Elle déplore : «C'est terrible, la déscolarisation pour un enfant : il perd vite pied, il perd le lien social.» Mais elle s'adapte et multiplie les leçons sur l'hygiène en guise de prévention. Dans sa classe, tous les gosses ont du gel hydroalcoolique dans le cartable. A partir de lundi, ce sera rideau pour ces élèves et leur enseignante : jeudi soir, le président de la République a annoncé de la fermeture de tous les établissements scolaires la semaine prochaine.

Ici, c'est un ambulancier d'Annecy qui n'a qu'une seule peur : «Contaminer des proches âgés.» En attendant, il se rassure : «Chez nous, il n'y a pas de réelle inquiétude pour le moment. On est des mecs assez jeunes, on essaie d'en rigoler. Dans les ambulances, on a nos stocks de masques, on porte des blouses et des charlottes quand on transporte un malade. Ça ne m'est pas encore arrivé, mais un collègue a transporté quatre personnes dans la même nuit, toutes positives au Covid-19.»