La France, le jour d’après. Au lendemain de l’annonce de la fermeture des bars, restaurants et commerces non alimentaires, les nombreuses devantures du quartier du Marais, à Paris, ont baissé leur rideau. Ce dimanche matin est bien trop calme, d’autant que la météo a des airs de printemps. La rue de Bretagne est clairsemée de petits groupes de passants qui aiment se rappeler les fameux «gestes barrières», notamment en maintenant entre eux la distance sociale de sécurité.
Du bar-tabac du Progrès, dont la terrasse est entièrement rangée, une dame, parka de l'armée russe sur le dos, sort avec deux cartouches de cigarettes sous le bras, «histoire de faire des réserves». Didier est à la tête du Progrès depuis vingt-trois ans. Son bar est désormais fermé. «Mes gars travaillent trente-neuf heures par semaine. L'Etat ne va prendre en charge que 80 % des salaires. On est dans le IIIe arrondissement, les loyers sont hyper chers et j'ai 26 employés à gérer. Ça va être compliqué pour moi», explique le patron, qui compte vider son stock de sèches (les tabacs sont autorisés à rester ouverts) avant de fermer tout son établissement. «Au début de la semaine, on avait déjà dû aménager les temps de travail. Mais là, avec la fermeture totale, je n'ai pas de perspective au-delà des quinze prochains jours, dit l'homme en se massant les sinus. Ça me fait flipper.»
Devant le commerce, avec ses deux cartouches de cigarettes et son sac de courses, Rayan s'