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Libération
Interview

Municipales : un effet virus «relativement équilibré entre les partis»

Un bureau de vote à Saint-Denis, dimanche. (Photo Marc Chaumeil pour Libération)
publié le 16 mars 2020 à 18h12

Maintenu de justesse, le premier tour des municipales a été marqué par une abstention de plus de 55%, due pour bonne partie au contexte épidémique. Mais pour Mathieu Gallard, directeur d'étude chez l'institut de sondages Ipsos, ce contexte n'a pas particulièrement désavantagé certains mouvements par rapport à d'autres.

Peut-on mesurer le rôle du coronavirus dans l’abstention enregistrée dimanche ?

Ce rôle ne fait absolument aucun doute, vu le niveau historique d’abstention. Quand nous avons interrogé les abstentionnistes, la veille et l’avant-veille du vote, ils étaient 39% à citer avant tout le coronavirus comme cause de leur probable non-participation. Sachant que l’intervention d’Edouard Philippe, survenue entre-temps, a été de nature à renforcer leurs craintes. Mais la manière dont cette peur a influencé les résultats est moins claire.

Cet effet virus a-t-il particulièrement affecté certaines catégories d’électeurs ?

Les personnes âgées étaient les plus inquiètes, celles qui ont le plus cité le virus comme un possible facteur d’abstention. Pourtant, quand on regarde qui s’est abstenu dans les faits, le résultat est conforme aux autres élections. Les seniors sont ceux qui ont le plus voté : 63% des 70 ans et plus ont pris part au vote, contre seulement 30% des moins de 25 ans.

Certains partis en ont-ils souffert plus que d’autres ?

Non, le lien n’est pas si mécanique et les effets sont relativement équilibrés entre les partis. Aucun n’en a plus particulièrement pâti que les autres. Structurellement, il y avait dans les isoloirs plus d’électeurs de la droite et du centre, parce que ce sont les électorats les plus âgés. Mais on doit bien constater que LREM n’a pas réalisé de percée remarquable dimanche, et que la droite n’a pas spécialement surperformé non plus.

Et le RN ?

Le lien possible est que cet électorat est l’un des plus inquiets. Il est marqué par la défiance vis-à-vis des élus, des décideurs et des médias, il est davantage inquiet pour lui et pour ses proches, il a moins confiance dans les données publiques. Mais ce n’est pas massif.

En fin de compte, la sincérité du scrutin a-t-elle été altérée par le virus ?

C’est très compliqué à dire. Il y a quelques résultats inattendus, mais pas de grandes surprises par rapport à ce que nous mesurions dans nos enquêtes. La baisse de participation est dans les différentes catégories sociales et politiques, aucun mouvement ne connaît d’effondrement. Rappelons que même dans des circonstances normales, beaucoup de municipales partielles sont marquées par des participations faméliques, de l’ordre de 20 ou 30%, sans que personne n’en conteste le résultat.