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Municipales

Pas de miracle pour LREM

Les élections de dimanche ont été marquées par les succès des maires sortants et les contre-performances des candidats du parti majoritaire.
Edouard Philippe hier au Havre. (Alain GUILHOT/Photo Alain Guilhot pour Libération)
publié le 16 mars 2020 à 8h27

Sans surprise, le parti majoritaire est presque partout minoritaire. Loin derrière ses concurrents du vieux monde, les maires sortants de gauche ou de droite, qui confortent souvent leurs positions. Mais aussi, dans de très nombreuses communes, loin derrière les écologistes, grands gagnants de ce premier tour. Pas de miracle, donc. Comme tous les partis de gouvernements depuis le début de la Ve République – le PS en 2014, l'UMP en 2008 – LREM a été logiquement sanctionné aux municipales, la plus périlleuse des élections intermédiaires.

Et comme le veut la loi du genre, les perdants se sont cherchés dimanche soir de bonnes raisons de se féliciter du résultat. Il a d'abord à leurs yeux le mérite de donner raison au chef de l'Etat : en renouvelant, dans la grande majorité des cas, leur confiance aux maires sortants, les électeurs ont confirmé ce que soulignait Macron en janvier, à savoir que «cette élection est d'abord un scrutin local».

Autre motif de satisfaction : les votes sanctions contre la majorité n'auraient pas eu lieu puisque de nombreux maires macronistes ont été réélus dès le premier tour. C'est le cas des trois ministres venus de LR : Gérald Darmanin, Sébastien Lecornu et Franck Riester, qui retrouvent leurs mairies de Tourcoing, Vernon et Coulommiers. C'est aussi celui du maire d'Angers Christophe Béchu, soutenu par LREM. Avec plus de 47% à Nice, Christian Estrosi ne passe pas loin, lui aussi, d'une réélection ce dimanche.

Faiseurs de rois

Tous les sortants macronistes ne sont pourtant pas à l'abri de mauvaises surprise. A Toulouse, le LR Jean-Luc Moudenc (36%) serait menacé par la probable alliance des écologistes (28%) et de la liste de gauche (18%). Quant à Edouard Philippe, il sera difficile de contester qu'il a été victime d'un vote sanction. Si son score de 42% est honorable, on retient surtout la performance inattendue de son principal concurrent, le communiste Jean-Paul Lecoq : avec 36%, il est dix points au-dessus du score que lui donnaient les sondages et fait donc figure de concurrent sérieux pour le deuxième tour.

Pour LREM, la plus grosse déception reste sans doute la contre-performance de son candidat à Strasbourg, Alain Fontanel, dauphin du maire PS sortant Roland Ries qui ne se représentait pas. Avec 19% des suffrages, il est largement distancé par l'écologiste Jeanne Barseghian (27%) alors que les derniers sondages le plaçaient en tête. Strasbourg était la seule ville que LREM pouvait espérer conquérir. Cela paraît sérieusement compromis.

Partout ailleurs, le parti des marcheurs doit se contenter de scores si modestes, entre 13% et 17% dans le meilleur des cas, qu'il ne peut prétendre qu'à une poignée d'élus d'opposition. C'est le cas à Paris, Rouen, Rennes, Bordeaux ou encore Lille. Dans certains cas, cette troisième place met le candidat LREM en position de faiseur de roi dans la perspective d'un éventuel deuxième tour. C'est tout particulièrement le cas à Bordeaux où le candidat LREM, Thomas Cazenave (12,6%), peut prétendre départager les deux vainqueurs ex aequo du premier tour, le sortant Nicolas Florian (34,56%) ou l'écologiste Pierre Hurmic (34,38%). En se prononçant pour l'un ou pour l'autre, Cazenave sait qu'il risque de provoquer de sérieux remous au cœur d'une majorité accusée de glisser vers le centre-droit.

Pour ne mécontenter personne,  le candidat LREM peut aussi choisir de se maintenir au deuxième tour afin d’incarner modestement le «progressisme» sur les bancs de l’opposition municipale.