«Waouf» de soulagement dans les appartements confinés : «On pourra toujours pratiquer une activité physique ou sortir promener son chien», a confirmé lundi soir le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner. En effet, parmi les rares sorties du domicile autorisées pour mieux lutter contre le Covid-19 – et à condition de présenter une attestation dûment remplie –, les «déplacements brefs, à proximité du domicile, liés […] aux besoins des animaux de compagnie» ont été considérés par le gouvernement comme des trajets essentiels. Et ils le sont, en particulier pour les chiens vivant en appartement et habitués à leurs tours du pâté de maison quotidiens. «Pour les chiens, la diminution de l’activité physique et sociale peut créer un vrai manque, par exemple pour les plus sportifs et dynamiques, et à terme, des troubles du comportement, explique la vétérinaire varoise Jasmine Chevallier. Il va falloir gérer au cas par cas, selon le profil du chien, et assurer un nombre de sorties minimum.»
Favoriser l’apprentissage
Pour faire passer la pilule du confinement à des millions de canidés dans l'ennui, cette comportementaliste préconise par conséquent de saisir l'occasion pour les stimuler par de l'éducation positive. «Il y a pas mal de sites et de livres qui proposent des apprentissages intellectuels à des chiens pour remplacer l'activité physique, poursuit la véto. Cela peut être des jeux de dissimulation d'objet, comme essayer d'apprendre à retrouver une balle ou un doudou, voire des jeux de pistage comme chercher une croquette dans la maison.» Un mal pour nous, un bien pour eux ? «C'est l'occasion de créer une relation, l'apprentissage de la propreté sera d'ailleurs peut-être plus simple pour les jeunes, mais aussi l'opportunité de travailler sur le respect de l'animal et sa motivation, complète Stéphanie Verdu, vétérinaire référente de la Société protectrice des animaux (SPA). Mais il ne faut pas oublier les plus âgés qui ont tout autant besoin d'être stimulés d'un point de vue cognitif.»
En revanche, pas la peine de bousculer les habitudes des félins, même s'ils peuvent être perturbés par les circonstances et «l'anxiété généralisée des propriétaires». Les nourrir (évidemment !) et garder les relations établies suffit. «Nos chats en appartement peuvent s'ennuyer donc notre présence peut occasionner un peu de distraction, ajoute Stéphanie Verdu. Mais il faut respecter le rythme de l'animal et ses besoins. Ce n'est pas une peluche, ni un jouet. Les NAC [les nouveaux animaux de compagnie, comme les lapins, hamsters, cochons d'Inde, rongeurs, ndlr] auront autant besoin de sortir, eux : il faut sécuriser des pièces, créer des jeux, suspendre autour d'un fil un morceau de salade par exemple et favoriser tout un tas d'apprentissage, y compris pour les oiseaux.» «Dans certains cas, une promiscuité soutenue, notamment en présence de jeunes enfants, pourra aller à bout de la patience de certains animaux, avertit néanmoins Jasmine Chevallier. Il est important qu'ils ne deviennent pas l'exutoire de l'ennui de leurs petits propriétaires, sans quoi des morsures ou griffures pourraient survenir. C'est aussi un des risques du confinement.»
Les «urgences» vétérinaires maintenues
Concernant l'alimentation de nos compagnons de poils, de plumes et d'écailles, pas de panique. Les animaleries et magasins d'alimentation pour animaux font partie des commerces dont l'ouverture a été autorisée par arrêté dimanche. Comme les cliniques et cabinets vétérinaires. Mais il faut là encore prouver que son déplacement est justifié grâce la fameuse attestation pour pouvoir s'y rendre. Il est alors conseillé d'appeler pour se renseigner avant toute démarche. L'Ordre national des vétérinaires précise d'ailleurs que dans le cadre de la «continuité du service», seules les urgences sont désormais traitées. Autrement dit, tous les actes médicaux qui ne sont pas indispensables au bien-être d'un animal sont reportés, y compris pour les chevaux (la liste est ici). C'est le cas pour les bilans de santé, les castrations, les chirurgies de «convenance», les détartrages sans affection particulière ou encore le rendez-vous pour le suivi des maladies chroniques qui ne présentent aucun risque pour le bien-être des animaux de compagnie.
Les «animaux accidentés», touchés par des affections aiguës qui réduisent son confort ou son espérance de vie ainsi que ceux frappés d'infections dans les élevages, refuges et fourrières, sont, eux, toujours pris en charge. «On doit tout faire sur rendez-vous, mais notre activité n'est pas arrêtée car on a un vrai rôle face aux urgences, confirme la vétérinaire Jasmine Chevallier. Quelle que soit la demande, il faut d'abord nous appeler.»
En revanche, inutile de s'inquiéter pour vos chiens, chats et tourterelles face à l'épidémie de Covid-19 et d'encombrer les cabinets vétérinaires. Comme l'a rappelé l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) dans un avis sur le Sars-Cov-2 rendu début mars, à la lumière des connaissances scientifiques actuelle, les animaux domestiques (cela vaut pour les animaux de ferme) ne propagent pas le nouveau coronavirus. Des conclusions similaires à celles de l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE). «A ce jour, rien ne prouve que les animaux de compagnie puissent propager la maladie. Il n'est donc pas justifié de prendre des mesures à l'encontre des animaux de compagnie qui pourraient compromettre leur bien-être», affirme sur son site cette organisation intergouvernementale qui siège à Paris.
L’épidémie en cours et le confinement ne doivent donc pas être des prétextes pour abandonner un animal, comme s’en inquiètent et le font savoir ces derniers jours les associations de protections animales. «Nos structures sont déjà pleines et fermées au public jusqu’à nouvel ordre, alerte à ce sujet la vétérinaire de la SPA Stéphanie Verdu. Il ne faut donc pas qu’on se retrouve face à une vague d’abandon massif. Ce serait injustifié.» Pour rappel : se délester d’«un animal domestique, apprivoisé ou tenu en captivité» est un délit frappé d’une peine pouvant aller jusqu’à deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende.