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Libération
Reportage

A Grande-Synthe, «on fait du confinement de rue»

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La pandémie de Covid-19 en Francedossier
Les exilés installés dans la commune du Nord vivent dans des tentes de fortune où le confinement est impossible, et le suivi des règles d'hygiène compliqué.
A Calais, dans la zone industrielle des Dunes, mercredi. (Photo Aimée Thirion pour Libération)
par Stéphanie Maurice, correspondante à Lille
publié le 19 mars 2020 à 15h29

Hypermarché Auchan, à Grande-Synthe, près de Dunkerque : un homme, un exilé au vu de son allure, se tient assis devant la porte d'entrée, il attend on ne sait quoi. Un car de CRS s'arrête, un policier l'apostrophe : «Go back in you camp !» L'homme décampe, sans qu'on soit vraiment sûr qu'il ait compris la mesure de sécurité édictée par l'Etat. Ici comme à Calais, «des consignes strictes de circulation seront données par les forces de l'ordre afin d'inciter la population migrante à rester dans et à proximité de leurs campements», précise le communiqué préfectoral, daté du 17 mars. «On fait du confinement de rue», constate Maya Konforti, de l'Auberge des migrants. Un CRS, croisé à Calais, en reste dubitatif : «C'est pour qu'ils n'aillent pas dans le centre-ville, mais ils n'y vont déjà plus, tous les commerces sont fermés. Et on ne peut pas les empêcher de sortir de leur tente.» Ils sont 700 à 800 à Calais, les tentes débordent de partout, dans la zone industrielle des Dunes, où beaucoup de terrains sont clôturés pour empêcher ces installations.

A Grande-Synthe, les exilés, le plus souvent des Kurdes d’Irak, se sont installés sous les hangars ouverts à tous les vents de l’ancien camp de la Linière, ouvert en 2016 par la mairie et MSF, avant de brûler. Là aussi, des amas de tentes et des conditions d’hygiène inexistantes. La sous-préfecture a installé depuis fin février un camion-citerne, et donne du savon, pour que les gens puissent se laver