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Coronavirus : les soignants «la tête dans le guidon»

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La pandémie de Covid-19 en Francedossier
De Paris à Cayenne en passant par Ajaccio ou Lyon, paroles de «héros» au front dans les hôpitaux. Des hommes et des femmes parfois déjà débordés ou qui se préparent avec inquiétude mais sens du devoir à une déferlante de patients.
A l’hôpital Tenon à Paris, jeudi. (Photo Julien de Rosa. EPA-EFE)
publié le 19 mars 2020 à 20h41

Depuis maintenant trois jours, sur les coups de 20 heures, les Français confinés les applaudissent depuis leurs fenêtres. Ces remerciements et encouragements, pour le moins bienvenus, mettent sans aucun doute du baume au cœur des personnels des hôpitaux. Toujours est-il qu’à l’heure où le Covid-19 se déploie en France et mobilise toujours plus de lits dans les services de réanimation, c’est la certitude de temps à venir particulièrement tendus et difficiles qui s’impose chez tous ces soignants.

Cette appréhension découle du caractère inédit de l'épidémie en cours et est accrue par le manque de moyens de protection (masques, gants, gel hydroalcoolique) et de matériel (respirateurs artificiels). Ce stress maximal s'ajoute à la fatigue qui préexistait au Covid-19, chez des personnels déjà en flux tendu à cause des économies budgétaires. Voilà ce que racontent les soignants des hôpitaux dont Libération a recueilli les témoignages, à travers la France.

Certains sont déjà dans le dur, confrontés à l'afflux de malades redouté par tous. Chaque jour, quand elle franchit le seuil des urgences de l'hôpital de Mulhouse, cœur du principal foyer de contamination de l'Hexagone, Clarisse (1) a l'impression de jouer dans «un film catastrophe américain». Trois semaines après l'arrivée des premiers patients atteints du Covid-19, l'infirmière dit sa sidération : «On le vit mais on n'y croit pas. Ça a été tellement vite…» L'afflux de cas gravement atteints est incessant,