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Libération
Ma vie de confiné

«Je viens de remarquer que la peinture dans mon salon, c'est une femme portant un masque»

Chronique «Ma vie de confiné»dossier
Chaque jour, «Libé» donne la parole à des confinés, de tout poil, pour raconter leur vie à l’intérieur. Les galères petites ou grosses, les angoisses parfois mais aussi les joies et petits bonheurs imprévus. Chacun d’eux envoie une photo «de dedans», qui symbolise l’humeur du moment.
Photo personnelle. (DR)
publié le 21 mars 2020 à 13h24

Cindy a 32 ans et habite avec son copain dans leur appartement du XVIIIe arrondissement de Paris, dans le nord de la capitale. La jeune femme, qui souffre de bronchite chronique, travaille dans une boutique de cosmétiques, à Montmartre. Elle se retrouve cloîtrée chez elle à attendre le soleil.

«Depuis quelques jours, je me sens dans un état fébrile. J’ai encore eu une bronchite il y a deux semaines. Peut-être qu’avec cette histoire de coronavirus, je somatise sans m’en rendre compte. Je sais pas. Je vérifie ma température deux fois par jour. Toujours pas de fièvre.

Parfois j’ai l’impression d’avoir tous les symptômes. Comme je fais de l’asthme, ce virus m’inquiète. Ça fait déjà plusieurs semaines que je m’intéresse à l’évolution de l’épidémie, notamment parce qu’on en parlait déjà beaucoup dans la presse au Portugal. Là-bas, de nombreux amis à moi sont en télétravail depuis au moins quinze jours. Ils ont installé un système de solidarité pour les personnes âgées, en allant faire leurs courses. Quand ils sortent dans la rue, ils portent gants et masques. Ici en France, avec la pénurie, les autorités répètent que seuls les cas avérés doivent en porter. Mais comme on est potentiellement tous des porteurs sains, en avoir aurait peut-être évité de transmettre autant le virus.

Comme je suis de nature un peu angoissée, cette situation très spéciale de confinement n'aide pas trop. Donc je parle à mon corps, j'accepte les douleurs mais je lui dis de ne pas aller plus loin. J'arrive à gérer ces petits moments de panique en faisant du yoga ou juste de la méditation. Je lis les bouquins commencés et jamais fini. J'ai repris la lecture de Sorcières de Mona Chollet, j'écoute beaucoup de musique et je rejoue aux Sims. J'ai hâte que le soleil revienne pour ma dose de vitamine D. Je l'attends à la fenêtre.

Depuis deux jours, j’ai remarqué que le cadre accroché dans mon salon est une peinture de femme portant un masque sur le visage. J’avais jamais fait gaffe.»