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Libération
Éditorial

Doutes

publié le 22 mars 2020 à 20h46

En surface, l’union nationale prévaut toujours. Applaudissements quotidiens pour les équipes soignantes, communications du professeur Salomon, précises et fournies, oppositions en sourdine, critiques retenues. Si le gouvernement annonce un resserrement du dispositif, qui paraît s’imposer, il recueillera l’approbation générale. Mais en profondeur, insidieux, le doute progresse. Il y a eu l’affaire des masques, toujours aussi rares, qui manquent cruellement aux soignants, en premier lieu, mais aussi aux policiers, aux pompiers, et aux salariés contraints au contact quotidien avec le public, à l’exemple des caissiers et caissières de supermarchés. Il y a toujours cette pénurie, bientôt tragique, de matériel spécialisé pour la réanimation. On commence aussi à voir poindre des mises en cause plus générales. Il semble que les pays ou les villes où l’on a testé massivement la population s’en sortent mieux que les autres. Dès lors pourquoi avoir assuré que ces tests n’étaient guère utiles ? On craint de découvrir que ces dénégations découlaient trivialement, non d’une vérité médicale, mais de la pénurie constatée par les autorités, qu’il fallait minimiser. Auraient-elles tenu un double langage, une faute quand la transparence est la condition première de la confiance ? Il y a enfin les essais du professeur Raoult, personnage original, mais dont la compétence est néanmoins reconnue. Le ministère a reconnu l’intérêt des résultats obtenus, même sur un échantillon réduit. Met-on tout en œuvre pour aller plus loin ? Si le remède est pertinent, ceux qui auraient tardé à le généraliser porteraient une lourde responsabilité. A ce stade, ce ne sont que des questions. Mais elles perturbent une opinion angoissée par l’encombrement croissant des hôpitaux. Les réponses sont urgentes.