L'heure est à l'exégèse. Qu'est-ce qu'un secteur essentiel d'activité dont les salariés seraient donc attendus quoi qu'il arrive sur leur poste de travail ? Le groupe parlementaire Les Républicains formule à cet égard une question qui a tendance à revenir en boucle : «Quelles sont les entreprises indispensables au fonctionnement du pays ?» Formulation quasiment identique du Conseil national de l'ordre des architectes à l'intention d'Edouard Philippe : «Nous vous demandons, monsieur le Premier ministre, des explications claires à même de répondre aux attentes de deux millions d'actifs.»
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Mais il faudra encore patienter pour avoir des réponses précises. «Pas question de dresser des listes précises, nous risquerions d'oublier des métiers», indique-t-on dans l'entourage du ministre de l'Economie, Bruno Le Maire. Tout en rappelant que «des secteurs comme l'eau potable, l'électricité, les réseaux informatiques et télécoms ou encore les transports font partie des activités indispensables». Les entreprises sont donc renvoyées par l'exécutif à «leur sens des responsabilités», au moment même où la CGT annonce un premier décès dans le secteur du commerce et «appelle tous les salariés à exercer leur droit de retrait dès lors qu'ils craignent pour leur santé».
Modus vivendi
La réponse aux questions posées par les employeurs comme par les employés pourrait être fournie au cas par cas à la lumière d’accords conclus entre les pouvoirs publics et les organisations professionnelles. Ainsi la fédération FO des transports routiers a levé, ce dimanche, son appel au droit de retrait. Après des discussions avec le ministère des Transports, durant ce week-end, un modus vivendi a été trouvé autour de la réouverture des parkings sur les autoroutes et le nettoyage des sanitaires. Par ailleurs, l’interdiction de faire payer les douches aux chauffeurs a également été actée.
Dans le bâtiment, trois fédérations professionnelles et le ministère de la Transition écologique ont trouvé un terrain d'entente pour «renforcer la continuité de l'activité […] et la poursuite des chantiers». Tout d'abord les règles essentielles de protection des salariés du BTP vont être rappelées dans un guide des bonnes pratiques. «Ce guide sera présenté ce lundi au ministère du Travail pour validation, précise Patrick Liébus président de la Confédération des petites entreprises du bâtiment (Capeb). Il rappellera notamment les trois mesures obligatoires de protection : le port de lunettes, de gants et de masque.» Les interventions d'urgence sur des chaudières en panne ou des ascenseurs bloqués devraient avoir un caractère prioritaire.
Une certitude, semble-t-il, dans ce flot de questions, l'interdiction pour les apprentis de pénétrer sur des lieux où se déroulent des travaux : «Il est hors de question d'avoir des apprentis présents sur les chantiers et si le gouvernement ne prend pas position sur cette question, il en portera la responsabilité», prévient le président de la Capeb.