Philippe Waechter est directeur de la recherche économique chez Ostrum Asset Management et tient un blog quotidien sur l'évolution de la conjoncture économique. Malgré les efforts des autorités monétaires et politiques pour amortir au maximum le choc de la crise sanitaire, il se montre pessimiste sur les chances d'une reprise rapide de l'activité.
Comment voyez-vous l’impact de cette crise sans précédent ?
Les effets seront persistants et très forts et pourraient aller dans le scénario le plus pessimiste jusqu’à une forme de dépression mondiale prolongée. Tout le monde commence à imaginer une récession d’au moins 2% et jusqu’à 5% et plus pour 2020, même si elle est à ce stade très difficile à quantifier.
Cette crise ne ressemble à aucune de celles qui l’ont précédé, dites-vous…
Elle diffère de 1929, 1987 ou encore 2008 dans la mesure où les gouvernements assument et poussent leurs économies en récession afin de sortir de la crise sanitaire. L’autre particularité, c’est que ce choc, qui a déjà entraîné une chute de l’activité de l’ordre de 75% en France selon Bruno Le Maire, se produit dans des économies occidentales dont la capacité de rebond est limitée. La croissance est aujourd’hui plus faible qu’en 2008.
L’action des autorités est pourtant très forte. Que peuvent-elles faire de plus ?
Les banques centrales, dont la BCE, ont fait infiniment plus qu’en 2008. A l’époque, le rachat de dettes n’existait d’ailleurs pas en Europe. Christine Lagarde pour la BCE a annoncé 750 milliards d’euros puis la Fed américaine a fait plus encore avec l’annonce d’un programme «bazooka» totalement inédit de rachat de d