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Libération

Médecins du monde «C’est criminel d’enfermer les migrants sans leur fournir le strict minimum pour respecter leurs droits fondamentaux.»

Louis Barda coordinateur général de Médecins du monde à Paris
publié le 26 mars 2020 à 19h51

Après quatre ans à intervenir dans les campements d’exilés du nord de Paris, Louis Barda, coordinateur général de Médecins du monde dans la capitale, connaît le triste cycle entretenu par les autorités : constitution d’un point de rassemblement, croissance jusqu’à atteindre une masse critique, évacuation-dispersion par les forces de l’ordre, avant la reconstitution d’un nouveau campement quelques jours plus tard.

Depuis les nombreuses arrivées de migrants en 2015, le phénomène s’est déplacé. Du quartier Jaurès, d’abord, jusqu’aux portes de Paris (entre celle de la Chapelle et celle de la Villette), avant d’être repoussé de l’autre côté du périphérique en raison de la nouvelle doctrine édictée par le préfet de police de Paris, Didier Lallement, qui, par la présence continue de troupes sur le terrain, s’efforce d’empêcher toute reconstitution de campement dans Paris. Récemment, c’est à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) que la plus forte concentration de personnes exilées a été constatée. Jusqu’à leur évacuation mardi, en pleine crise du coronavirus. Un péril sanitaire qui inquiète Louis Barda.

«On a eu deux ou trois cas suspects mais ne présentant pas de forme aiguë. On reste néanmoins très inquiets car le pic de l'épidémie n'est pas atteint. On peut formuler deux hypothèses en ce qui concerne les personnes exilées. Ce sont des populations jeunes, qui ont réussi des parcours migratoires chaotiques, et on peut espérer qu'elles soient plutôt solides. A contrario, leur errance, qui dure parfois depuis des années, a pu les fragiliser. Profitons de leur mise à l'abri actuelle pour les prendre en charge de manière durable, suggère-t-il. Ne rien faire pour ces gens, c'est une mise en danger délibérée. Et c'est absurde d'un point de vue de santé publique. Plus la prise en charge sanitaire intervient tardivement, plus les soins à apporter seront importants, et donc coûteux.»