«Même en y mettant toute notre bonne volonté, on est désarmés», se désole Eric (1), éducateur à Marseille. Depuis le confinement, il travaille désormais douze heures d'affilée au lieu de huit, dans un foyer d'urgence en surchauffe, avec des jeunes qu'il faut occuper H24 : «Il n'y a même pas de wifi pour qu'ils puissent suivre les cours à distance. Et on a un seul lecteur DVD et une seule télé pour dix. Beaucoup de jeunes que l'on accueille ont de la colère en eux. Samedi dernier, des chaises ont déjà commencé à voler… A ce rythme-là, ça risque vraiment d'exploser.» Eric et ses collègues doivent aussi s'occuper de nouveaux venus et répondre à leurs détresses singulières : celle d'une adolescente enceinte qui angoisse que son IVG n'ait pas lieu dans les temps ou celle d'une jeune fille de 15 ans qui vient de perdre sa mère…
Ce foyer, géré par la Direction des maisons de l'enfance et de la famille (Dimef), accueille également des mineurs isolés venus d'Afrique. L'un d'eux, arrivé il y a une dizaine de jours, n'a réalisé que cette semaine qu'«on n'était pas dans un fonctionnement normal» : «Ce jeune ne parle ni français ni anglais et c'est après un coup de fil à sa famille dans son pays d'origine qu'il a fini par comprendre que les circonstances étaient exceptionnelles et qu'il n'était pas en prison, mais bien en foyer», raconte encore Eric. Franck Vautrin, directeur de l'association AEJ, qui gère trois foyers dans le département, est inquiet :