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Libération

L’hydroxychloroquine est-elle toujours réservée aux cas graves?

publié le 27 mars 2020 à 20h41

L’hydroxychloroquine  est-elle toujours réservée aux cas graves?

Un décret publié mercredi (et précisé vendredi après-midi) a suscité beaucoup de confusion. De nombreux commentateurs estimant à tort qu’il généralisait l’usage polémique de l’hydroxychloroquine à l’ensemble des patients souffrant du Covid-19.

Lundi, le ministre de la Santé annonce la publication prochaine d'un décret afin de fournir un cadre légal aux recommandations officielles du Haut Conseil de santé publique (HCSP) sur l'usage de l'hydroxochloroquine. Olivier Véran rappelle que le HCSP préconise de réserver cet usage «aux malades graves hospitalisés».

Deux jours plus tard, mercredi, le décret annoncé est publié. Certains internautes notent qu'il ne mentionne pas explicitement ce critère de gravité spécifié lundi par le ministre. De fait, le texte énonce alors seulement que «l'hydroxychloroquine et l'association lopinavir-ritonavir [peuvent] être prescrits, dispensés et administrés sous la responsabilité d'un médecin aux patients atteints par le Covid-19, dans les établissements de santé qui les prennent en charge».

La réaction sur Twitter du professeur Didier Raoult, fervent promoteur de l'utilisation de la molécule, remerciant Olivier Véran pour son écoute, laisse également penser que la position des autorités a changé. De nombreux internautes vont jusqu'à colporter l'idée que les autorités «généralisent le traitement».

Mais il n'en est rien. Interrogé jeudi soir par CheckNews, le cabinet du ministre de la Santé assure que «rien n'a évolué» depuis la prise de parole d'Olivier Véran en début de semaine. Et d'expliquer en substance que le décret «renvoie à l'avis du Haut Conseil, et ne s'y substitue pas». Lequel avis spécifie explicitement que les recommandations pour un usage hors essais cliniques sont bien liées à un critère de gravité.

Vendredi, une précision a finalement été apportée au décret pour confirmer que le décret se conforme en tout point à l’avis du HCSP. En dépit de sa formulation imprécise, le décret publié ne généralisait donc en aucun cas la prescription d’hydroxychloroquine pour l’ensemble des malades du Covid-19, comme cela avait été compris. La précision apportée - qui n’a rien d’un revirement, comme l’interprètent à tort certains commentateurs - le confirme de manière claire.

Le texte n’encourage nullement les médecins de ville à prescrire le traitement. La délivrance de la molécule est bel et bien limitée, pour ces derniers, comme c’était déjà le cas avant, aux indications habituelles de certaines maladies chroniques (telles que le lupus ou la polyarthrite rhumatoïde). Rien ne leur interdit de prescrire l’hydroxychloroquine à des patients souffrant du Covid-19 (comme ils pouvaient déjà le faire avant le décret). Mais, ils engagent alors leur responsabilité.

Enfin, si certains patients Covid-19 au stade précoce de la maladie, voire en prévention, peuvent se voir administrer le traitement, c’est uniquement dans le cadre d’essais thérapeutiques dûment encadrés.