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Interview

Jérôme Le Goff : «En confinement, le bénéfice d’un dépistage massif n’est pas démontré»

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Pour le professeur de virologie Jérôme Le Goff, même s’il faut multiplier les tests, leur généralisation n’est plus forcément utile à ce stade de l’épidémie.
Lors d'une opération de tests destinée au personnel soignant, à Neuilly-sur-Seine, le 25 mars. (Photo Florent Bardos. Hans Lucas)
publié le 29 mars 2020 à 20h06

Jérôme Le Goff, professeur en virologie à l'université de Paris (Inserm U976) et à l'hôpital Saint-Louis à Paris, décrypte pour Libération les raisons de la pénurie actuelle de tests et leur utilité en fonction des phases de l'épidémie.

Le gouvernement dit avoir commandé 5 millions de tests rapides pour porter les capacités à 30 000 tests quotidiens en avril, 60 000 en mai, 100 000 en juin…

L’ambition est bonne, mais il reste des obstacles à lever pour y parvenir. L’augmentation du nombre de tests de PCR (réaction de polymérisation en chaîne) réalisés dans les laboratoires de biologie médicale publics et privés est possible, si l’approvisionnement est bien sécurisé. Pour les autres tests dits «rapides», il faudra être attentif à leur qualité et bien organiser les circuits, du prélèvement à l’analyse, ainsi que les mesures à prendre après résultats. Il faut savoir que ces tests antigéniques rapides (dont le résultat peut être disponible en quinze minutes) sont aujourd’hui moins sensibles que ceux réalisés par PCR et peuvent manquer 30 à 50 % des cas.

Que pensez-vous de la polémique sur l’incapacité de la France à multiplier jusqu’à présent les tests de dépistage du Covid-19 ?

Il faut distinguer deux choses. La capacité à les réaliser, et l’utilité d’y avoir recours dans la phase actuelle de l’épidémie. L’impact du nombre de tests réalisés sur le contrôle de l’épidémie n’est pas démontré. La France a une capacité à faire des tests supérieure à la quantité réalisée aujourd’hui. Notre limite, c’est la difficulté de se procurer les tests en question. Or, on est là face à un réel problème industriel : certains laboratoires hospitaliers sont en rupture de stocks, faute de livraison.

Il manque les réactifs qui révèlent la présence du virus…

Il manque beaucoup de choses. Il faut déjà être en mesure de faire des pr